La communauté Auvergnate à Paris:
Colonisation parisienne;
Dès la fin du XVIIe siècle les migrants du Massif Central avaient colonisé Paris. Ils brillaient dans tous les travaux durs et fatigants que les parisiens boudaient. L’eau courante n’existait pas encore et les parisiens consommaient de plus en plus d’eau : les « Auvergnats » porteurs d’eau leur amenèrent à domicile. Ils existe deux catégories de porteur d’eau la plus favorisée possède une tonne de 800 à 1200 litres montée sur roues et attelée à un cheval, l’autre la plus humble et la plus nombreuse se contente de deux seaux d’une douzaine de litres qu’ils portent sur l’épaule à l’aide d’un joug. Les premiers disposent d’une fontaine spéciale qui leur est réservée moyennant finances.
Les seconds doivent aller à la fontaine publique prendre la queue pour remplir leur seaux avant de les monter à l’étage des clients pour trois sous le voyage, plus les étrennes à la Noël (car la clientèle est fidèle, l’Auvergnat" sachant avec un abord agréable et courtois capter sa clientèle). Mais à la suite des travaux du baron Haussmann les eaux de la Vanne et de la Dhuys arrivent dans tout Paris et desservent les étages.
De porteur d’eau à Charbougnat;
Mais rien n’arrête l’imagination Auvergnate. Les riches aspirent à se laver davantage mais n’ont pas les installations nécessaires, les anciens porteurs d’eau vont leur en emmener de la chaude. Marcelin Cazes, futur propriétaire de la brasserie Lipp, exerça, à ses débuts parisiens, cette activité. Le livreur venait avec une charrette transportant la baignoire et des seaux d’eau chaude. Arrivé devant le domicile du client il montait successivement la baignoire, l’eau chaude, puis de l’eau froide qu’il allait chercher au robinet de la cour (il faut supposer qu’à l’époque antérieure il apportait également l’eau froide !). Il n’avait pas le droit de rester dans l’appartement pendant que le client (qui était le plus souvent une cliente) prenait son bain, aussi il se reposait sur le palier. Ensuite il ne lui restait plus qu’à aller vider l’eau sale dans la cour et à recharger sa charrette. Tout cela devait s’accomplir sans renverser une goutte d’eau, sous peine de perdre son pourboire.
La profession de porteur d’eau froide ou chaude périclitant les Auvergnats vont se reconvertir dans le charbon.
Les marchands de charbon auvergnats seront bientôt connus sous le nom de « bougnats » (sans doute l’abréviation de charbougnat, charbonnier, avec le prétendu accent que leur prêtent les Parisiens. L’origine de l’alliance si durable entre l’Auvergnat et le charbon est peut-être la vente à Paris du charbon de Brassac. Il y avait également, parmi les petits métiers de la rue, des marchands de bois (les ligots) ambulants qui vont se fixer et vendre tous les combustibles. Mais surtout le charbon permet la reconversion progressive des porteurs d’eau dont la vente baissait en hiver alors que précisément celle du charbon augmentait. A la différence du porteur d’eau, le charbonnier avait une petite boutique. C’est le début de l’ascension commerciale avec ses difficultés, ses risques mais aussi ses chances. Pendant toute l’époque de transition, beaucoup d’Auvergnats seront en même temps allumeurs de réverbères, ce qui leur prendra une heure par jour et leur assurera un petit fixe. Mais déjà ils regarderont du côté d’une autre activité de vente, celle du vin. Ils vont alors soit l’adjoindre à leur commerce de charbon, soit s’y consacrer entièrement. Les bases de la future activité principale des Auvergnats de Paris sont déjà jetées. Les porteurs d’eau, devenus charbonniers et marchands de vin, viennent d ’un pays rude ou une paysannerie garde des moeurs austères sous la direction de son clergé.
Ils ne viennent pas à Paris par hasard mais avec un dessein bien précis : par un travail acharné et méthodique, ils vont rapporter au pays une somme substantielle. Ainsi se constitue le milieu d’accueil, le jeune émigrant trouvera désormais à Paris des compatriotes et souvent des parents qui lui procureront vivres, couvert, et surtout renseignements et travail.
Un parcours typique de bougnat
Jean Codi est né en 1801 à Recoules hameau de la commune d’Oradour du Cantal. Il a épousé Jeanne Puechmaille de vingt-cinq ans sa cadette, originaire de Neyrac dans l’Aveyron. Le couple monte à Paris et devient marchand de charbon 18 chaussée du Maine dans le quartier de Vaugirard.
En 1858 naît Jules-Pierre leur fils. Il deviendra garçon de café, « employé de commerce » pour l’état-civil (cela fait mieux, les garçons de café n’ont pas encore, à cette époque, acquit leurs quartiers de noblesse). Sa mère Jeanne est, elle, marchande de quatre saisons ambulante. En 1880 il épouse, premier signe d’intégration, une parisienne Henriette Reynier. A la naissance de leur premier enfant en 1882 ils deviennent « cours des halles » c’est à dire fruitiers, rue de la Grande Truanderie dans le quartier des Halles. Ils ont transformé le commerce ambulant de la mère en boutique bien placée au coeur des arrivages. Les affaires marchant bien ils achètent un commerce de marchand de vin au 43 rue des Petits Champs près du Palais Royal puis un superbe Café Marchand de Vin « A la Joconde » 273 rue des Pyrénées, dans le XXe populeux. En effet une superbe Joconde, comme au Louvre trône au fond du café. Paul Pierre Fualdes natif de Saint-Santin de l’Aveyron, qui est un des garçons du café, et qui porte beau ses vingt-deux printemps séduit la fille de la maison, Jeanne-Elisa et l’épouse. Peu après il part sans laisser d’adresse, il ne succédera pas à ses beaux-parents. Jules Pierre Codi est devenu une personnalité du monde des cafetiers, très écouté il devient Président du Syndicat des marchands de vins. Le Syndicat est puissant et riche fort de ses nombreux adhérents.
Jules Pierre occupe un appartement de fonction au siège du syndicat Rue de Sévigné dans le IVe. Malheureusement, il était sourd et n’entendra pas la voiture qui l’écrasera en 1933. Il fut enterré dans un caveau du Père Lachaise avec tous les honneurs dus à son rang. Il faut dire qu’il était Franc Maçon et avait fondé la loge « Clarté ». Henriette son épouse décédera à 83 ans en 1942 à son domicile de la rue de Sévigné. Le parcours de la famille Codi est bien typique de la réussite sociale des « Bougnats ».
Tiré du site:
www.histoire-genealogie.com
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