samedi 16 juin 2018

L'enceinte de Laon




















Assise entre Saint-Quentin et Reims sur cet axe historique au coeur du Laonnois, Laon, préfecture de l'Aisne, est une ville fortifiée sur un plateau qui bénéficie du plus vaste secteur sauvegardé de France (370 hectares),elle a, pour sa partie la plus ancienne (la ville haute), été édifiée sur une butte-témoin qui domine la plaine environnante d'une centaine de mètres dès le Ier siècle avant JC. Laon connaît un développement très important, et, vers le milieu du XIIIe siècle, la ville abrite une population d’au moins 10 000 habitants, dont environ les deux tiers occupent la ville haute. La cité reste le centre des pouvoirs, le roi et l'évêque étant co-seigneurs de la ville. La cité est entièrement ceinte de remparts dès le XIe siècle, lesquels sont encore en place aujourd'hui dans un état de conservation remarquable.







 Localisation : 02 000, Laon
département de l'Aisne

Région : Hauts-de-France

Construction :  IXe siècle 






La ville de Laon a aujourd’hui conservé une grande partie de sa muraille. Depuis le Moyen Age, son tracé n’a guère évolué, et incluait les Champs Saint-Martin à l’ouest de l’abbaye éponyme. En revanche, l’abbaye bénédictine de Saint-Vincent établie à l’extrémité occidentale du plateau est située hors les murs. La muraille qui épouse en partie les contours du plateau constitue une barrière derrière laquelle les Laonnois se retranchent. Barrière architecturale mais aussi psychologique, elle sert également de retraite pour les habitants des villages alentours lorsque règne l’insécurité sur les routes et dans les environs. A l’intérieur, se trouvent divers « refuges » dont celui de l’abbaye Saint-Vincent de Laon, dit « Petit Saint-Vincent ». Cette muraille, épaulée de solides contreforts disposés à intervalles réguliers, est percée de plusieurs portes et poternes et comprend sur son tracé de nombreuses tours de formes diverses, rondes, carrées… La pierre qui constitue le matériau principal de l’enceinte est extraite de plusieurs carrières, certaines situées à Laon. Les sources signalent les carrières «devers Saint Vincent » et « de Saint-Victor »32. Il est également fait mention de la carrière Saint-Martin dans le livre de compte de l’année 135833, mais on ne sait pas si cette carrière est encore exploitée au siècle suivant. Les archives montrent aussi que les limites de la muraille n’étaient pas immuables. Un mémoire du capitaine de Laon Gilles Thorel à l’encontre de l’abbaye de Saint-Vincent semble confirmer ce fait et éclaire par ailleurs la situation de cet établissement bénédictin situé hors les murs34. Ce mémoire relate le conflit de juridiction portant sur la garde de la porte Dame Eve: appartient-elle à la ville et est-elle alors du ressort du capitaine, ou au contraire doit-elle être gardée par des gens de l’abbaye?

Les portes de la ville permettent la circulation des habitants et des visiteurs. Cependant, elles peuvent constituer une faille dans le système défensif lorsqu’elles ne sont pas bien protégées. Aussi, comme les murs, elles nécessitent un entretien régulier, d’autant qu’elles sont composées de pierres, de bois et de tuiles, ces deux derniers matériaux étant rendus fragiles par les intempéries. Certaines portes sont fermées et parfois murées en cas de danger proche. Cette mesure est destinée à limiter les risques d’intrusions, et à empêcher qu’un habitant, par trahison, n’ouvre une porte ou une poterne à d’éventuels assiégeants. Par ce biais, on limite les failles dans le dispositif de défense, et la surveillance est reportée sur d’autres points de la forteresse. Ainsi, le maçon Jehan Sandras reçoit 77 sous et 10 deniers parisis pour «avoir muré et forbatu en haste la porte l’Evesque et la porte Acrahaut38 » en 1413. Après avoir été rouverte sans doute à l’automne, la porte Crahaut est à nouveau remurée dès la fin janvier 1414. Par conséquent, son portier Aubert le Pelletier ne touche que 23 sous pour ses gages de 10 mois.


Les remparts sont attestés dès le IXe siècle et continuent à se développer jusqu'au XIIIe siècle. À l'origine, l'enceinte fortifiée qui a repoussé les northmens en 882 se trouvait sur la partie orientale du plateau, c'était la cité. L'enceinte s'est étendue vers l'ouest dans ce qui était nommé le bourg et était composée à la fois de fossés secs, de courtines avec contreforts et de tours circulaires ou des tours carrées. Il y avait quatre portes principales qui combinaient pour se défendre, la herse, l'assommoir et les vantaux. Maintenu en fonction, le rempart subit plusieurs reconstructions et réparations jusqu'au milieu du XVIIe siècle, le rempart avait alors 7750 pas de long (5800 mètres). En 1595 eut lieu la construction de la citadelle par Antoine Estienne. Au XVIIIe siècle eurent lieu des aménagements comme le comblement des fossés pour aménager les promenades Saint-Jean en 1758, Saint-Just en 1761 et Saint-Germain en 1763. Une nouvelle restauration eut lieu au XIXe siècle dans le cadre de la création de la ceinture fortifiée contre les invasions de l'est. Des dix-huit portes d'origine, il en reste trois et une dizaine de tours, sur la quarantaine.

la ville haute se poursuit ensuite vers l'ouest, où se dressent la porte de Soissons et la tour penchée, vestiges de l'époque médiévale, la cité médiévale perchée de Laon est flanquée de sept kilomètres de remparts.

Le tracé des remparts de la Cité, reconstruits ou agrandis à l’époque carolingienne, est totalement inconnu. En dehors des murs de la Cité, à l’ouest, le peuplement se développe dans le secteur de l’église Saint-Julien. Un ou plusieurs noyaux de peuplement semblent également se développer sur le bras sud-ouest de la butte. En ville basse, le faubourg de Vaux existe probablement avant même le haut Moyen Âge et les faubourgs de Saint-Marcel, de Semilly et de Leuilly apparaissent peut-être à cette époque. Le faubourg d’Ardon semble assez tardif et encore quasi inexistant au Xe siècle (le faubourg de La Neuville n'est fondé qu'à la fin du XIIe siècle). La cité renferme la cathédrale, reconstruite dans le premier tiers du IXe siècle, la résidence de l’évêque et le cloître des chanoines au nord, et, au sud, le palais royal et l’abbaye Saint-Jean, un monastère double, fondé hors les murs par sainte-Salaberge, mère de saint-Baudouin de Laon, en 816, ou 641 selon l'historien Dominique Barthélemy et dédié à saint Jean-Baptiste. La cité est entièrement ceinte de remparts dès le XIe siècle, lesquels sont encore en place aujourd'hui dans un état de conservation remarquable. À l'ouest, le bourg est fortifié petit à petit, entre le XIIe et le XIVe siècle. Vers 1350, toute la ville haute est urbanisée et enclose, à l’exception de deux quartiers. Encore aujourd'hui, les remparts sont presque intégralement conservés en élévation et, malgré les remaniements postérieurs, leur tracé est resté très proche de celui du milieu du XIVe siècle.

C'est à la suite de la réduction de Laon, ville ligueuse, qu'Henri IV fait édifier la citadelle entre 1595 et 1598 (la première date figure sur l'inscription surmontant la porte ouest, dite Henri IV, la seconde au-dessus de la poterne sud dite porte Saint-Georges) ; l'ancien beffroi de la ville se trouva compris dans la citadelle ainsi que deux paroisses dont les maisons ont été toutes rasées ; ces travaux sont dirigés par l'ingénieur Antoine Estienne ; ils se poursuivent dans le courant du 1er quart du XVIIe siècle comme l'atteste la date de 1621 portée sur une échauguette, ainsi que le style de la maison du gouverneur représentée en ruine sur une gravure du XVIIIe siècle ; à cette époque la citadelle est désaffectée, envahie de maisons, et les fossés comblés ; elle est cependant remise en état à partir de 1835 : une caserne à l'épreuve des bombes et un magasin à poudre sont construits entre 1841 et 1845 ; la poudrière explosa en 1870 et un monument rappelle la mémoire du soldat Henriot qui y mit le feu ; en 1914 la place forte de Laon est déclassée et après l'abandon des lieux par l'armée, l'ancienne caserne devient cité administrative.

Les constructions réalisées sous Henri IV l'ont été en calcaire moyen appareil avec des chaînages en grand appareil ; la caserne a trois étages et a été voûtée partiellement en arc de cloître pour être à l'épreuve des bombes.



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Nous avons déjà vu le préteur romain Macrobe non pas fonder la ville de Laon au IIIe siècle mais l'entourer de murs bien qu' en ait dit l'archevêque de Reims Hincmar écrivant à son neveu Hincmar évêque de Laon :" Scire debueras quod in istis regionibus nemo penè ignorat quia municipium Lauduni in quo es ordinatus episcopus à Macrobrio prœtore ut produnt historiœ conditum fuerit". Un poëte anonyme du même temps c'est à dire du IXe siècle avait dit avec plus de raison "Macrobius prætor Bibrax tua mœnia fecit". 
Les traces et les preuves de cette chemise romaine sont assez nombreuses, authentiques et instructives. Après la reconstruction de la citadelle 1835 à 1845, environ, le génie voulut la séparer du terre plein de la ville et coupa la courtine qui reliait l' ancien donjon et la promenade de la Plaine au chemin de ronde passant sous l' ancien palais des évêques de Laon. On démolit alors une des tours rondes qui flanquaient l' ancien mur de défense. L'appareil de revêtement était seul plus ou moins moderne et, derrière lui, on rencontra un blocage extrêmement dur et solide de petites pierres noyées dans un épais ciment rougeâtre et posées obliquement sur leur champ un rang tourné à droite, le second et supérieur à gauche, de manière à former entre eux un angle plus ou moins ouvert. C' était évidemment l' opus spicatum (forme en épi) des Romains. Dans le ciment apparaissaient fréquemment comme liaison des fragments de grosses tuiles et des poteries concassées. Cette demi-tour faisait simplement contrefort à un mur de grand appareil auquel elle ne se liait pas de façon à ce que même démantelée par l' assiégeant et renversée par l' action de la brèche, le mur se présente encore intact et inviolé. Près de là se voient des demi-tours identiques assises sur la roche qui pourrait, on en est à peu près certain, contenir le noyau romain sous l' appareil probablement carlovingien ou du moyen âge. L' opus spicatum apparaît une seconde fois dans une muraille faisant partie de l' ancien palais des évêques de Laon, qui, courant d'Est en Ouest, se rattache au chevet ou abside de la cathédrale en formant le côté Sud de la cour où est enfermée la glacière actuelle. Sur une longueur de 7 mètres environ sur 6 de hauteur, trente assises de ce mur sont composées de petits matériaux alternativement tournés de droite à gauche et de gauche à droite. Ces moellons, les uns à face plate et quelques autres arrondis sont tous grossièrement taillés. La plupart proviennent du lit dur et inférieur du calcaire grossier de la montagne de Laon, les autres de la couche nummu litique vulgairement dite pierre à liards. Parmi eux se remarquent quelques rognons siliceux appelés têtes de chat et d'assez nombreux débris de grosses tuiles rouges qui sont lancés de place en place dans la masse pour en serrer les éléments. Ce sont exactement les matériaux de la demi tour de flanquement que le génie militaire avait détruite à quelques pas de là en éventrant le rempart. Le ciment où sont noyées ces assises régulières de pierres inégales ne laisse pas de doute sur l' origine romaine de la construction, mélange bien connu de chaux, de sable, ici l' arène quartzeuse du pays et de brique pulvérisée union ayant donné au ciment romain une dureté que nos architectes ont longtemps enviée et dont nos ingénieurs du XIXe siècle ont retrouvé le merveilleux secret. 
 La partie romaine de cette muraille est surmontée par des assises de pierres de grand appareil qui doivent appartenir aux constructions du premier palais épiscopal, celui qui périt avec la primitive cathédrale pendant la grande émotion de 1112. En effet, ce mur supérieur est percé à l' Est de la cour par une fenêtre plein cintre pur et veuve de tout ornement et, de plus, toute la façade assises romaines comme portion ouverte en plein cintre porte les traces d' un incendie violent qui l' a calcinée profondément et l' a teinte en rouge brique foncé. Je ne fais pas de doute que ce mur fit partie de la citadelle que les Romains durent élever au IIIe siècle pour la défense de la ville et sur un point d' où l' on commandait une si vaste étendue de plaine, pas réoccupé par les ingénieurs de 1595 et de 1835. Ce mur en opus spicatum offre une épaisseur d' un mètre, c' est donc un mur de défense et d' enceinte qui formait l' un des côtés de la forteresse dont un autre côté, au Nord, a été retrouvé derrière la demi tour renversée. Ce sont là les débris du castellum utilisé plus tard par les Francs et plus tard encore par les évêques qui habitaient toujours dans ces vieux âges turbulents, des points fortifiés ainsi des évêques de Reims établis dans le castellum qui confinait à l' arc de triomphe de la porte de Mars. Une portion de muraille au midi de la citadelle de Laon s' écroula vers 1853. On ne put démolir à la pioche une vieille demi tour qui la flanquait et qui à l' intérieur, présenta le même empâtement romain et si dur qu' il fallut le faire sauter à la mine, les outils les mieux trempés s' y émoussant et n' y pouvant rien. En creusant, vers 1840, le sol de l' Esplanade en avant de la citadelle, on trouva à une profondeur de 5 mètres toute une couche de fragments de tuiles à rebords, de poteries rouges, noires, grises, des amphores, de grandes jarres, des vases de moindre taille, une petite tête de femme d' un bon style et appartenant à une statuette, une fibule en bronze représentant un Anubis phallique, de nombreuses médailles romaines. Avant les réparations faites à la porte d' Ardon ou Royée, on y reconnaissait facilement un pan de mur romain de grand appareil et des médailles avaient été trouvées non loin de là. On peut admettre que le château royal qui fut construit au Xe siècle sur l'emplacement de l' hôtel-de-ville actuel, couvrit les restes d' un fort romain bâti sur l' enceinte de l' ancien oppide, la Cité ainsi séparé du burgum, le Bourg où abordait une vieille voie romaine. Chaussée Brunehaut qui date du VIe siècle, Via regalis, passant sous la porte Royée royale. L' ancien château Gaillot soit-disant fondé par Louis d' Outre Mer vers 928 et renversé par les Bourguignons au commencement du XVe siècle, ne dut être que le produit d' un remaniement ou de la réparation à fond d' un castellum posé par les Romains sur cette acropole ou un camp refuge des préhistoriques. La ville romaine eut son fort détaché à la pointe Saint-Vincent d' où sont déjà venus des débris romains et où a été recueilli une portion du pédoncule d' un antéfixe très remarquable de dessin en terre cuite très épaisse.  









La ville




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Laon sur la base Pop-culture

Un document, Laon place forte
http://www.histoireaisne.fr/memoires

Documents sur la ville, les remparts
(page 195)  https://books.google.fr/books

Des images de la cathédrale et de la ville
https://www.gettyimages.fr/photo/france-aisne-laon



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Les places fortes entourant l'Ile-de-France

Châteaux, château-fort, donjons
http://unchemindeliledefrance.blogspot.fr

Le monde des châteaux
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Laon avant 1660








































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