Entre Amiens et Roye, positionné au Sud-Est du département de la Somme, Demuin, ancienne bonne place forte avec Amiens et Corbie, est issu de la famille Demuin.
Son implantation domaniale carolingienne débouche sur l’éclosion d’une seigneurie au XIIe, la commune occupe un coteau en pente douce sur la rive gauche de la Luce.
département de la Somme
Région : Hauts-de-France
Construction : XIIIe siècle
Un château existait à Démuin, ainsi qu'une famille du même nom. Elle fut représentée par Jehan de Demuin, qui fut le père, ou le grand-père de Péronne de Demuin, alliée à Witasse de Campremy, dont la fille Marie de Campremy, décédée après 1394, épousa Jean de Clermont-Nesle, puis Guillaume de Bracquemeont. Le château dont malheureusement rien ne subsiste fut à la fin du Moyen-Age, est l'une des principales places fortes des environs d'Amiens.
En 1417, le château incommodait fort les villes d'Amiens et de Corbie, le duc de Bourgogne le fait prendre et vient y loger en août. Blanche de Calleville épouse Hector de Flavy, c'est à lui que l'on attribue la reconstruction du château, sur un site différent, une butte rehaussée artificiellement et protégée de deux côtés par la rivière et les marais.
Démuin est une implantation domaniale carolingienne qui débouche sur l’éclosion d’une seigneurie au XIIe, la commune occupe un coteau en pente douce sur la rive gauche de la Luce. Au cœur de cet habitat, l’église est dédiée à Saint-Ouen. Ce lien avec l’évêque de Rouen fut important puisqu’il a aussi donné son nom au terroir de Démuin, Domnus Audoëni, attesté dès 822 à travers les Statuta antiqua abbatiae sancti Petri Corbeiensis de l’abbé de Corbie Adalhard (781-826). Ce document est contemporain des premières installations repérées sur l’aire de fouille. La villae Domnus Audoenus y est désignée comme un centre domanial ayant un rôle dans la perception des dîmes d’un des plus importants complexes religieux du royaume franc que les textes ne documentent plus durant 309 ans. C’est progressivement au cours du XIIe siècle que la documentation relative à Démuin offre un éclairage sur ce terroir. Un acte de 1131 atteste pour la première fois d’un miles dit de Démuin. Officier de premier plan auprès de la mesnie de Boves, le sire de Démuin dirige vraisemblablement la maison seigneuriale. Un dénombrement établi en 1168 par Robert Ier de Boves indique que la seigneurie de Démuin relève de l’avouerie de Corbie. Les Boves ont hérité de cette avouerie durant le XIe siècle sur laquelle ils exercent en tant que vicecomes.
La forteresse
La première mention d’un château à Démuin est, quant à elle, très tardive : 1418. La documentation recueillie permet de restituer l’organisation spatiale du complexe castral pour le XVIe siècle.
La forteresse est constituée d’une motte et d’une basse-cour dont les terres sont maintenues par un mur de terrasse, associées à un large système fossoyé séparant le site castral de l’habitat villageois orthonormé au sud. Cette hiérarchie des espaces était en partie conservée par la trame parcellaire qui ne montrait en l’occurrence aucun autre état antérieur. Grâce à la fouille archéologique réalisée à l’emplacement de l’ancienne basse-cour (5 000 m²), on a pu reconnaître les états antérieurs jusqu’à l’époque carolingienne. Sous les épais remblais de la basse-cour (entre 1,30 et 5 m), ont été dégagé une occupation s’étendant du IXe au XIIe siècle, comportant une phase de fortification sous la forme d’un fossé sub-rectangulaire large de 8 à 12 m pour une profondeur avoisinant les 4 m. Celui-ci, apparu au cours du Xe siècle, est établi pour maintenir la sécurité des équipements agricoles et artisanaux se concentrant dans ce secteur. Un réduit fortifié semble même être présent en son sein, si on s’en tient à la petite portion de fossé remparé, identifiée dans le quart nord-ouest de la zone de fouille.
Les hommes ont exploité le relief pour y implanter une forteresse médiévale qui a constitué, à partir du XIVe siècle, une position fortifiée importante de l’amiénois, au même titre que les forteresses, plus connues, de Boves et de Picquigny. Une motte castrale, au nord de l’actuelle place de l’église, est encore identifiable sur des photographies aériennes de l’Entre-Deux-Guerres.
A la fin du XIe siècle, l’espace manque et les recoupements se multiplient. En effet, les activités sont contraintes par une limite infranchissable. Un fossé défensif enserre la totalité des vestiges décrits précédemment. De forme sub-rectangulaire, il est large de 10 m pour une profondeur de 4,30 m ; il est en eau dans sa première phase de fonctionnement. Ses dimensions et sa taille donnent un statut particulier à cet espace à vocation agricole et artisanale de l’époque carolingienne et du premier siècle capétien. Le domaine semble être un important centre d'exploitation et de production, rattaché très probablement à l'abbaye de Corbie.
Le bourg castral de Démuin (XIIIe-XVIe siècle)
Les précédents vestiges sont scellés par une couche organique de 0,50 à 1 m d'épaisseur, de manière volontaire. Les raisons de la transformation radicale de cet espace sont inconnues. Le fossé défensif est comblé et une fortification en pierre vient enserrer le village. Quelques habitations en dur ont été repérées mais aucun élément ne permet d’en déterminer la fonction. Ces derniers subissent une série de trois incendies, tous antérieurs à la fin du XIVe siècle. Le dernier incendie, repéré sur plus de 500 m², marque le début de la prééminence de la forteresse sur cet espace.
Cette période est concomitante des premières mentions de la forteresse de Démuin dans les textes (12 février 1418). Les données archéologiques confirment la présence d’une fortification de terre. Les modifications sont très importantes et la physionomie du village en est totalement bouleversée. Les récits de l’érudit Alcius Ledieu au XIXe siècle, à exploiter avec précaution, et les vestiges d’une tour dans le village (à 40 m de la limite ouest de la fouille), probablement une tour maîtresse, aident à mieux comprendre les éléments dégagés par la fouille. Les défenses du village sont détruites au profit de la fortification castrale, plus petite mais mieux défendue. Ainsi se met en place, au nord de la zone de fouille, un château sur motte ceint d’un fossé au-delà duquel on trouve l’église et son cimetière ; l’ensemble étant contenu dans une deuxième enceinte fortifiée. Celle-ci est présente sur la zone de fouille qui est, quant à elle, emmottée par des niveaux stratifiés. Ces derniers contiennent des radiers de craie damés ayant conservé les traces du passage des véhicules déchargeant les gravats. Les niveaux supérieurs présentent un épandage à 45°. Il s'agit probablement des levées de terre de la contrescarpe.
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