mercredi 5 juin 2019

L'enceinte de Bohain-en-Vermandois



















Flirtant avec le département du Nord entre Vervins et Cambrai, dans l'axe Nord-Est de Saint-Quentin dans de grandes plaines de tissages du moyen-âge, au nord de son département l'Aisne, Bohain jusque là fut le siège d'une petite communauté villageoise regroupée autour de son église, puis devint une seigneurie au XIIe siècle, un fief des Saint-Aubert. Le château de Bohain regroupé dans une forteresse était ceint d'une enceinte et de 4 bastions munis de portes l'entouraient.









Localisation :   02110, Bohain-en-Vermandois
département de l'Aisne


Région : Hauts-de-France








Une proposition de tracé de l'enceinte urbaine
et de l'enceinte du château




Le château de Bohain était une forteresse qui avait une vocation purement défensive. L’entrée était étroite pour permettre une défense plus efficace et quatre bastions de forme triangulaire étaient postés autour des murailles du château.
Ce château empierré fut construit semble-t-il sous Louis de Luxembourg, qui était entre autre seigneur de Bohain


L'enceinte urbaine 

L'enceinte urbaine est tout aussi mal connue. Il est cependant possible de la restituer grâce aux anciens cadastres. De plus, une opération archéologique récente a permis de redécouvrir une de ses portes :

La porte Saint- Antoine, connue jusque-là par des dessins du XIXe siècle. Mettant à profit le passage de réseaux, cette opération a permis de mettre au jour une partie de la tour est de cette porte, ainsi que d'observer la largeur d'ouverture entre les deux tours. Devant le sas d'entrée, dans le fossé, de nombreux fragments de poutres de bois ont été découverts, vraisemblablement les restes des aménagements d'un pont dormant ou d'un pont-levis antérieur. Les dessins de la première moitié du XIXe siècle montrent ce qui semble être la feuillure d'un pont-levis. La porte à deux tours, qu'il est possible de restituer grâce à la fouille et aux dessins du XIXe siècle, présente des traits caractéristiques du XIIIe siècle (Mesqui 1993), sans pour autant pouvoir être formel sur cette datation en l'absence de stratigraphie.

La fouille de la porte du château a mis en évidence les fondations de deux tours qui encadraient une porte et une grande fosse rectangulaire au milieu du passage. Cette fosse est un élément caractéristique d'un pont-levis à bascule. Ce système rarement employé, est connu à la fin du XIVe siècle et XVe siècle (Mesqui 1993). Il sera repris plus tard dans certaines fortifications de Vauban. L'aménagement de ce pont-levis, ainsi que la construction des bastions, ont certainement eu lieu au XVe siècle.

Les courtines de l'enceinte devaient être flanquées de tours, en particulier aux angles mais aucune trace de ces tours n'a jamais été mise en évidence jusqu'à maintenant. Cette enceinte vient se rattacher au système défensif du château ce qui montre évidemment l'antériorité de ce dernier. Aucune charte de franchise communale n'a été conservée pour la ville de Bohain mais les Saint-Aubert en avaient accordé une à Busigny (Nord), Quiévy (Nord) et Bertry (Nord) ; il est logique de penser avec Robert Fossier qu'il en existait une à Bohain (FOSSIER, 1974). De plus, une enceinte urbaine suppose une communauté urbaine suffisamment organisée pour en assurer l'entretien. Ce type de communauté était le plus souvent régi par une charte de franchise. A Bohain, les Avesnes qui prirent en main comme nous l'avons vu la seigneurie en 1226 et qui probablement sont à l'origine de la construction du château et de l'enceinte urbaine héritèrent certainement de cette hypothétique charte.

Une étude préliminaire laisse entrevoir la création d'une petite ville à partir d'une seigneurie villageoise, devenue un bourg castral au XIIIe siècle. Dans cette zone de marche, l'occupation a été permanente, même si avant le Moyen-Âge elle fut légère, l'essartage (défrichement d'un terrain boisé en vue de sa mise en culture temporaire ou permanente.) médiéval a joué un rôle moteur dans le dynamisme économique et se situe certainement à l'origine des créations d' Archie et de Bohain. Le développement de ces deux entités se fait en parallèle. En ce qui concerne Bohain, la seigneurie se transforme en ville.


Les bastions 

* Le bastion du Pont du Roy existait encore en 1862. Ce bastion était un très haut cavalier présentant la forme d' un triangle. Il était protégé par un fossé extérieur, un peu moins profond que celui qui, par derrière, le séparait du château.

* Le bastion des Dames, de même forme, était en 1862, planté d'arbres.

* Le bastion de la Montagne masquait l'entrée du fort. Il est aujourd'hui couvert de maisons ; cependant sa forme ancienne est déterminée par les rues Berthelot et la rue de Belle-Vue.

* Le bastion du Tigard, à la jonction des fossés de la ville avec ceux du château, a presque complètement disparu sous des remblais et des nivellements. Proche du bastion du pont du roi, à quelques mètres, une entrée de souterrain se trouvait là, voûté, large et haut de 4 mètres, il conduisait à l'extérieur par le biais d'un réseau de galerie. Sept puits venaient se greffer dans l'enceinte de cette grande forteresse de frontière.

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L'histoire

Le Vermandois arriva dans les mains du comte de Flandre en 1167, le comte de Hainaut dont les Saint-Aubert dépendaient, était un vassal du comte de Flandre. Un conflit opposa le comte de Hainaut à son suzerain dans les années 1184-1185, on comprend alors la complexité des rapports féodaux et les précautions que certains seigneurs ont dû prendre pour protéger leurs biens.

Bohain, jusque là fut le siège d'une petite communauté villageoise, regroupée autour de son église, devint une seigneurie au XIIe siècle, un fief des Saint- Aubert. Cela se fit certainement sous Gilles de Saint-Aubert qui reçut ou peut-être même prit Bohain, probablement motivé par l'essor économique et démographique qui poussait les acteurs économiques de l'époque (puissances laïques et religieuses, paysans libres) à s'attaquer à la forêt pour développer les surfaces de terres cultivées (Barthélémy 1981, Cherrier 1996).
Ce village de « conquête » va plus tard prendre de plus en plus l'apparence d'une véritable ville.
La question fait débat tant la limite épistémologique entre le village et la ville est ténue. Pour Bohain nous nous contenterons d'évoquer les premiers signes de l'urbanisation de ce village dont nous venons de préciser l'origine avant tout agricole.
Bohain connut son plein développement au XIIIe siècle, siècle pendant lequel certainement le château et l'enceinte urbaine furent bâtis. Ces deux éléments ont récemment été redécouverts par l'archéologie.

Une fois établie la présence d'un encadrement religieux et le rôle de ces seigneurs laïcs issus de l'aristocratie du Cambraisis, la question de la résidence de ces seigneurs à Bohain se pose. Gislebert de Mons a prit soin de relater la construction de la turris de Busigny, on ne voit pas pourquoi il aurait passé sous silence une construction comparable à Bohain. Cette absence se confirme dans des actes de Gérard de Saint- Aubert, fils de Gilles, à la fin du XIIe siècle, où il parle de sa domus de Bohain. Le terme de domus, dans le vocabulaire médiéval évoque plus une maison-forte qu'un château (Bur 1984).

À partir de 1226, la seigneurie de Bohain est rattachée à celle de Guise, tenue par les Avesnes. Un certain Rénier de Bosmont (Barthélémy 1984) reçut de sa femme Yolande, la sœur de Gérard de Saint- Aubert, la seigneurie de Bohain, il s'en sépara en 1226 au profit de Gautier d' Avesnes, seigneur de Guise.







Le village sur la base Mérimée

Le château, la ville












La porte du château

























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