Moret-sur-Loing, placé sur l'axe Fontainebleau-Sens au Sud de son département la Seine-et-Marne, fut une ancienne place-forte, ville fortifiée, son enceinte s'étendait sur 1 400 mètres et comportait 20 tours et trois portes célèbres. Elle prend de l'importance (stratégique notamment) entre 1065 et 1081, peut-être 1081 en entrant dans le domaine royal. Située sur la route de Paris, elle devient au XVIIe la destination favorite de la cour.
Localisation : 15 rue du donjon ,77250, Moret-sur-Loing,
département de la Seine-et-Marne.
Région : Ile-de-France
C'est pendant le règne de Philippe Auguste, à la fin du XIIe siècle, que la ville se dota de fortifications, avec vingt tours, quatre poternes et le château Royal qui est alors constitué d'un donjon et d'une enceinte où s'adossent quelques bâtiments.
La ville de Moret-sur-Loing était constituée d'une enceinte fortifiée en demi-lune qui s'orientait face au Loing et dont il reste de nombreux éléments (15 à 20 m de haut, plus de 2 m d'épaisseur).
Tôt incluse dans l’enceinte de la ville, à peu de distance de la collégiale Notre-Dame fondée après elle (1166), cette tour matérialisait le pôle du pouvoir souverain, mais n’a jamais formé le noyau d’une forteresse autonome importante qu’une enceinte propre aurait bien retranchée de la ville.
La place royale, les remparts, le donjon du XIIe siècle sont fiers de leurs racines médiévales et structurent l'architecture de la vieille ville. Si les 1356 mètres de remparts et la vingtaine de tourelles ne sont plus tous là, les deux portes de Bourgogne et de Samois et l'urbanisme du centre-ville témoignent magnifiquement de ce passé médiéval.
Aucune source ne permet de dater explicitement la construction de l’enceinte maçonnée qui enveloppe cette agglomération. Une hypothèse très plausible la situe dans la première partie du règne de Philippe Auguste, mais les publications relativement récentes sur l’architecture militaire médiévale tendent à dater du XIVe siècle les deux tours-portes encore en place. Les défenses de l’enceinte proprement dites sont complétées d’un châtelet ou bastille avancée en tête du pont sur le Loing, dit à l’époque moderne « Le vieux château ».
«… Monsieur le dauphin, depuis Charles VII, roy de France, reprint ladite ville & y fit sa retraicte, la fortifiant de fossez, gallions & rempars, sçavoir l’an 1430, par l’industrie du Commandeur de Gyresme… ». Il s’agissait de renforcements défensifs des murailles existantes par des banquettes de terre (remparts) capables de porter l’artillerie, et des gabions destinés à l’abriter. Les fossés furent probablement au moins dégagés, voire élargis et garnis d’escarpes ou contrescarpes revêtues de grosses pierres de grès, dom Morin évoquant les « profonds fossez en talus de grosses pierres de grès ». Ces ouvrages de temps de guerre n’ont en rien transformé les édifices maçonnés, murailles et portes de ville. seule, la porte de France reçut à cette occasion, en façade, une pierre sculptée portant un écu aux armes de France soutenu par trois anges. Confiée en 1582 par le roi Henri III aux habitants de Moret, dont la charge de l’entretien et des réparations des murailles ainsi que des ponts et chaussées de la ville étaient financés par le produit des octrois, avait dû permettre de remettre dans un état décent les parties de murailles qui apparaissaient manifestement ruinées sur une gravure d’Israël silvestre datant de la fin du XVIe siècle. De fait, vers 1600-1610, les vues topographiques de Moret par Claude Chastillon et Joachim Duviert montrent l’enceinte médiévale en assez bon état.
La porte de Bourgogne reçut, au cours du XVIIe siècle, son comble actuel ‒ pas encore en place sur la gravure de Chastillon ‒ après écrêtement de son couronnement défensif. La porte de France fit aussi l’objet de réparations, qui justifièrent l’adjonction de l’écu des vardes, comtes de Moret à partir de 1638, sous le cartouche du XVe siècle aux armes de France. Dans la décennie 1830, les deux portes de ville subsistantes, la porte de France et la porte de Bourgogne, furent menacées de subir le sort de la porte d’Orléans, détruite peu d’années auparavant. L’amélioration de la circulation prévalait alors sur l’attachement de la ville à ces édifices. Malgré l’intervention de sauvegarde de l’historien et poète local Alexandre-Désiré Teste d’Ouet, auprès du ministère de l’intérieur, le projet de démolition était soutenu, en 1839, par l’administration des Ponts et Chaussées. Cette circonstance détermina le choix des portes de Moret parmi les onze monuments de Seine-et-Marne, tous médiévaux, protégés par le classement sur la première liste des Monuments historiques, en 1840. Il faut noter que cette liste ne comportait aucun autre monument militaire, l’enceinte de la ville haute de Provins, par exemple, n’ayant été classée qu’en 1875. Les problèmes d’engorgement des circulations aux débouchés de la Grande rue furent résolus en 1854 par l’expropriation de la maison adossée à la muraille immédiatement au sud de chacune des deux tours-portes, et par le percement, à cet emplacement, d’arcades de passage piétonnier; dès lors, le passage sous la tour put être exclusivement réservé aux voitures. Les vestiges accessibles de l’enceinte confirment son caractère unitaire, bien exprimé sur les vues cavalières prises vers 1600-1610 par Chastillon et par Duviert. Hors les trois tours-portes monumentales, la muraille, épaisse de six pieds (2 m) était flanquée exclusivement, à intervalle assez régulier, de tourelles semi-cylindriques, d’un diamètre extérieur moyen de 4 à 5 m. Ces tourelles de flanquement semblent avoir été, dans leur totalité, en maçonnerie massive, à l’instar de contreforts, mais leur élévation commandait quelque peu celle des courtines et comportait un étage utilisable pour la défense active, couvert ou découvert (cinq des tours de l’enceinte sont indiquées couvertes d’un toit sur la gravure de Chastillon). Le parement de la plupart des tourelles, en continu avec celui des courtines, est en petits moellons équarris et assisés, avec, pour certaines, une embase élargie à la faveur d’un ressaut. D’autres tourelles (front oriental, secteur du château) sont bâties en partie en carreaux de grès, avec embase en talus. Ce type de tourelles de flanquement pleines semble inspiré des tours d’enceinte des castra de la Gaule du Bas-empire romain, devenus siège des cités épiscopales, enceintes bien conservées et réutilisées, par exemple, à senlis, Beauvais, sens, Meaux, Le Mans. L’adoption de cette formule au Moyen Âge, adaptée à des tourelles de diamètre modeste, caractérise un certain nombre d’enceintes de châteaux ou de bourgs castraux de la seconde moitié du XIIe siècle, pour la plupart antérieures à la diffusion massive du modèle philippien de la tour de flanquement circulaire à archères. Cette formule est fréquente dans l’Anjou ou le Poitou des Plantagenêts (Loches, Poitiers, Niort), mais on peut citer des exemples culturellement plus proches de Moret, dans des châteaux royaux d’Île-de-France tels que Chaumont-en-vexin, Beaumont-sur-oise, ou aux marches de la Normandie à vernon, ou encore au château des vidames de Beauvais à Gerberoy. Les portes de Moret, auxquelles s’ajoute une poterne batelière sur le Loing, bien conservée, près de la porte de Bourgogne, sont plus imposantes que les tourelles de flanquement de l’enceinte. Cependant, elles adoptent la formule de la tour-porte, plus économique et moins monumentale que celle de l’ouvrage d’entrée flanqué de deux tours semi-cylindriques.
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