La commune de Beynes se situe dans la vallée de la Mauldre dans le département des Yvelines à 5 kilomètres de Thoiry, au sud de Mantes-la-Jolie et à l'Ouest de Versailles en région Francilienne.
Le château médiéval de Beynes est un parfait exemple de ces forteresses nées de la féodalité, dans le contexte des luttes contre l'expansion capétienne. Mais il a gardé une valeur stratégique jusqu'à la fin du Moyen-Âge, d'abord à cause de la guerre de Cent Ans, puis des guerres de religion, particulièrement virulentes dans l'ouest parisien. Enfin, loin d'être abandonné à ce moment, il deviendra un moyen pour les puissants du jour de se positionner près de la capitale, à telle enseigne qu'un grand architecte comme Philibert Delorme ne dédaignera pas d'y travailler.
Localisation : 78650, Beynes, département des Yvelines.
Région : Ile-de-France
Année de construction : XI e Siècle
* Les deux enceintes concentriques
Le donjon était entouré d'une chemise. Elle consistait en un mur épais, qui pouvait atteindre 3 m au niveau du rez-de-chaussée. Comme le donjon, il était en blocage de moellons tout venant, parementé en petit appareil, le tout lié avec un mortier de chaux assez sableux. À l'heure actuelle, cette muraille est flanquée de neuf tours semi-circulaires.
Du côté de la ville et à l'opposé, vers la Mauldre, quatre de ces tours forment deux châtelets d'entrée. Mais toutes ces tours ne sont pas contemporaines les unes des autres. Seules cinq datent du château primitif, quatre étant clairement visibles en élévation. De petit diamètre, elles sont fortement talutées. La tour centrale du côté sud (entre les châtelets) a été refaite complètement au XVe s., comme le montre la continuité des maçonneries avec celles du logis construit à cette date, et les différences avec le rempart dans lequel elle vient s'insérer; en revanche, la partie basse est conservée. Elle est visible derrière le mur du couloir du XVe s., qui entoure le château en partie basse, grâce à une ouverture de visite des latrines de la tour, ménagée dans l'épaisseur de ce mur et la base de la tour.
Les châtelets d'entrée ont été rajoutés après la première phase de construction de la chemise : les dimensions des tours sont plus grandes, elles sont construites en appareil soigné, ne sont pas talutées ; elle sont ornée d'une moulure qui est la même que celle qui forme la plinthe du logis sud, qui est postérieur au donjon arasé qu'il recouvre, et l'une de ces tours est même chaînée à ce logis (châtelet côté rivière).
L'entrée se faisait auparavant par une tour-porche, dont les fondations ont été retrouvées en 1997 dans le sous-sol du couloir casemate construit au XVe s., qui entoure le château. On en trouvera un modèle comparable à Gisors ou Château-sur-Epte, par exemple. La base des tours était pleine, mais elles devaient être dotées d'une salle en partie haute (certainement amplifiée par un hourd en bois, qui permettait d'ailleurs un flanquement plus efficace), car elles sont percées en leur centre d'une descente de latrine rectangulaire, aboutissant à une simple fosse13. Un trou d'homme rectangulaire d'un pied de large sur deux de haut s'ouvrait dans le rempart au tiers inférieur du conduit, afin d'en permettre la vidange.
Les deux fortifications ont subsisté ensemble quelque temps. Il existe dans la région des villages avec plusieurs châteaux : Mont- chauvet, avec un donjon et une motte, Châteaufort, avec trois mottes, ou Chevreuse, dont le château du XIe s. paraît entouré de trois mottes protégeant ses arrières (LAFOREST 2000). Faisaient-elles partie d'un même dispositif défensif, en fonction de la topographie, et/ou résultaient-elles de partages successoraux ?
Dans le cas de Beynes, on pourrait y voir dans cette dernière hypothèse le siège du fief de l'Étendard, attesté seulement en tant que tel en 1248. Mentionné en 1263, un manoir clos de murs localisé près du pont de l'Étendard, à moins de 200 m de la motte disparue, aurait succédé à celle-ci. En effet, malgré les changements dynastiques, les familles tenant les deux fortifications furent longtemps liées : en 1 1 84, une Henriette de Lestendart était la fille du baron de Beynes (de dion
* L'évolution du bourg au XIe s. et la première motte castrale
Si l'on met de côté les normands Fulbert de Beine et Michel de Baynes, le plus ancien membre de la famille de Beynes connu est un dénommé Eudes, témoin en 1123 d'une confirmation de donation par Amaury III de Montfort; l'année suivante, un Asclin de Baina joue un rôle semblable (Petit Cartulaire de Saint-Magloire, AN LL 168, f° 39 et f° 16; cf. DE DION 1888 : 160 et 164). En 1 162, on connaît enfin un Galeran fils de Guinemer de Baina (Cartulaire de l'Abbaye des Vaux- de -Cer nay, cf. MERLET, MOUTIÉ 1857-1858, 1 : 625), tandis qu'un Amaury de Bena est attesté pour le XIIe s. (Obit du prieuré de Davron, BN, ms. lat. 10105, ff° 112-113).
La première mention d'un castrum nuncupatum Beines ne date que de 1176 environ, lors d'un hommage prêté à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés par Simon III de Montfort (Cartulaire de Saint-Germain-des-Prés, cité par LONGNON 1895 : 1, 223). Il est toutefois probable qu'une fortification ait existé dès le XIe s. ; en particulier, son existence peut être déduite avec vraisemblance d'un épisode militaire relaté par le chroniqueur Orderic Vital.
Le terrier de 1470 mentionne une enceinte fossoyée et trois portes : celle "devers Paris", celle "devers Mantes" et celle "du château" (LAMARCHE 1993 : 60). Sa date de création n'est pas établie. Attestée en 1470, elle est considérée comme ancienne en 1525 : on parle alors des "vielz fossez hors la porte du bourg" (LAMARCHE 1993 : 96). Elle ne fait donc pas partie du grand mouvement de construction de murailles qui a parcouru le XVIe s. dans la région (LANGLOIS 1993a). Il n'est pas exclu que ce soit à cette enceinte autant qu'au château que renvoie l'expression de 1 176, castrum nuncupatum Beines. On connaît en effet l'ambiguïté du terme "castrum" à l'époque. Du point de vue typologique, cette enceinte s'intègre bien à la série de celles du temps des premiers Capétiens, dont Luc Bourgeois a récemment souligné les caractéristiques (BOURGEOIS 1995 : 201-205). De forme ovalaire, elles abritent à la fois l'église et le donjon. Elles sont de petite taille : celle de Beynes (2 ha) ressemble à celle de Mantes, Poissy ou Meulan. L'origine de cette précocité pouvait tenir à la présence d'un pouvoir religieux, qui se traduisait notamment par l'importance du territoire paroissial. Avec 1 856 ha, Beynes se situe dans le groupe des territoires les plus étendus, avec Maule ou Épône par exemple, alors que la surface moyenne des paroisses régionales au XVIIIe s. ne dépasse pas 768 ha.Le déplacement du château et la création de la nouvelle enceinte urbaine modifièrent le tissu bâti. Dans le pôle ancien, l'essentiel fut l'infléchissement de la rue principale vers l'ouest, pour rejoindre la porte de Paris. Cette nouvelle direction de la rue n'a pas généré de parcellaire correspondant, signe de sa surimposition au précédent, par ailleurs suffisamment stable pour n'avoir pas été remodelé. À l'intérieur de l'enceinte, le bâti dut se limiter principalement à la zone devant l'église, jusque vers la porte de Mantes. Le reste est en zone inondable; peut-être y avait-il toutefois
Le château de Beynes (Y vélines) du XIIe au XVIe siècle : la longue vie d'un château-fort dans un village d'Ile-de-France.
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Matériaux : Moellon de pierre meulière
Historique :
Le Service archéologique des Yvelines et rassemblées par P. Laforest (LAFOREST 2000) ont permis de situer le château au sein d'un véritable réseau castral. Celui-ci peut être appréhendé à trois niveaux :
- protection rapprochée par des points forts liés au terroir de Beynes ;
- élément de contrôle de la limite de la mouvance du comte de Montfort face à celle du comte de Meulan, au nord ;
- insertion plus générale dans les lignes de défense protégeant la capitale des incursions normandes puis anglaises.
Ces deux derniers points ne peuvent être développés dans le cadre de cet article. Attardons-nous sur la protection rapprochée du château. Les points forts dominant le château de Beynes sont au nombre de trois sur le plateau, et de deux situés sur le rebord du plateau, contrôlant la vallée en amont et en aval. Il est notable que ces points d'appui constituent un réseau semi- circulaire tourné uniquement vers l'ouest, c'est-à-dire vers la menace étrangère. Plus précisément, ils contrôlent l'écheveau de routes qui convergent vers Beynes, et sont placés à peu près à l'entrée de toutes les combes qui donnent accès à la vallée. Ces cinq fortifications sont inégalement connues, et leur datation est parfois conjecturale. Il n'est pas possible d'affirmer qu'elles sont toutes contemporaines du premier château de Beynes, mais il est vraisemblable que ce réseau était achevé à la fin du XIIe s., au moment où fut construit le château en pierre de Beynes. Évoquons-les brièvement du nord au sud. Le village de Montainville, à 3 km de Beynes, possède une église dont la nef est encore romane. Elle est dédiée à Saint-Lubin, évêque chartrain du VIe s. à la mode dans les confins du diocèse depuis le VIIIe s. au moins; la paroisse résultait d'un démembrement de celle de Beynes (BOURGEOIS 1995). La jouxtant au nord-est se trouve une ferme nommée "Le Fort", qui présente encore les vestiges d'une ferme-forte attestée.
- XIe siècle : ce château, sis en fond de vallée, dont la construction remonte au XIe siècle a eu d'abord un rôle militaire à une époque où le cours de la Mauldre constituait une ligne de défense du domaine royal vers l'ouest, notamment contre les Anglais lors de la guerre de Cent Ans.
- Au XIVe siècle, Robert d'Estouteville fait transformer le château.
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La ville de Beynes
* Le Château
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