Localisation : 75 000, Paris, département de Paris
Région : Ile-de-France
Lorsque Paris, encore resserré dans l' île de la Cité, était entouré de toutes parts de murailles flanquées de grosses tours dont les fouilles récentes ont encore fait trouver quelques débris, on communiquait avec la plaine par deux ponts en bois dont l' un, nommé le grand Pont, a reçu depuis le nom de Pont au Change et l' autre appelé le Petit Pont, n' a pas changé de nom. Pour protéger ces passages, on construisit deux forteresses, espèces de châteaux-forts que leur petite dimension fit appeler des Châtelets. Il y avait le Grand et le Petit Pont, il y eut aussi le Grand et le Petit Châtelet. Ce n' était d' abord que des œuvres en bois car on lit dans les chroniqueurs de cette époque que lors du fameux siège de Paris par les Normands, la tour du Châtelet fut embrasée. Ces deux forteresses abattues, la population renfermée dans l' île aurait été réduite à s' y maintenir jusqu' à ce que la famine la forçât à mourir ou à se rendre. Ce danger était si bien compris qu' on se battit avec un acharnement. Les fossés furent presque comblés par les cadavres amoncelés et la Seine fut rouge de sang. En 1198, Philippe Auguste entoura Paris d' une ceinture de pierre et réédita le Petit Châtelet qui avait considérablement souffert lors des sièges que la capitale avait eu à soutenir et qui se relia aux épaisses murailles du Pré des Garlandes, rue Galande et de la Vallée de Misère, Quai des Augustins. Les bâtiments du Petit Châtelet se dessinaient en trois tours carrées de médiocre hauteur unies entre elles par des espèces de galeries fortement enfoncées dans le sol. Trente trois fenêtres bardées de fer fournissaient le jour du coté de la rivière aux divers étages du fort et dans les fondations se trouvaient creusées soixante casemates ou cachots. Sur la plate forme de la tour occidentale on remarquait encore à la fin du XVIIIe siècle la pierre ronde et creusée en forme de cône qui servait a planter l' aigle de la légion.
Depuis Philippe Auguste jusqu' à Saint-Louis, cette forteresse fut tour à tour hantée par les gens de guerre et par les gens de justice, c'est-à-dire qu' elle tint lieu successivement et selon la circonstance de point de réunion pour les levées du ban lorsque le roi allait à l' armée et de succursale au Grand Châtelet lorsque le nombre des prisonniers était trop considérable pour pouvoir être contenu dans la geôle de cette forteresse. Sous le règne de Philippe-le-bel, la suppression de l' ordre des Templiers et la confiscation des biens immenses de ces moines militaires ayant ajouté au domaine de l' Etat le palais du Temple et plusieurs autres lieux de détention, on ne crut pas devoir se servir des bâtiments du Petit Châtelet et cet édifice fut à peu près complètement abandonné. Plus de quatre-vingts ans après, Charles VI ordonna que les prisons de cette forteresse serviraient de nouveau comme pièces supplémentaires à celles du Grand Châtelet. On fit examiner par des maçons les bâtiments de cet édifice et on trouva qu' ils étaient sûrs et suffisamment aérés, à l' exception de trois cachots ou chartres-basses ou les prisonniers, faute d' air, ne pouvaient vivre longtemps. En 1402, le même roi déclina cette forteresse au prévôt de Paris comme une demeure sûre et d'habitation honorable. La présence de ce magistrat militaire n' empêcha pas les massacres qui le 12 juin 1417 furent exécutés par la faction bourguignonne sur les prisonniers.
Le petit châtelet |
Le Petit Châtelet
Il servit de prison politique sous Henri II et pendant les guerres de la Fronde puis il devint le quartier général des troupes levées par le coadjuteur. Les royalistes appelaient alors plaisamment cet édifice la caserne de M le cardinal de Retz. C' est au Petit Châtelet que fut formé armé et équipé ce fameux régiment de Corinthe qui devait perdre sa réputation militaire et ses drapeaux a une demi lieue de Paris sur les bords de la Marne. Quelques compagnies des troupes royales suffirent pour le mettre en déroute et les plaisantins de l'époque appelèrent cette rencontre "la première aux Corinthiens". Les soldats du coadjuteur ne cherchèrent pas du reste le dangereux honneur d' une seconde entrevue avec les troupes du roi, bornant leur ambition martiale à occuper militairement le Petit Châtelet et le palais de l'archevêché, un contemporain dit "une chère fort délicate pour gens de cette espèce et du vin a bouche que veux tu". Sous la régence et sous le règne de Louis XV, le Petit Châtelet continua à servir d' annexe aux prisons du Grand Châtelet. Lors de la démolition de la Tournelle, on lui confia le dépôt des prisonniers de cette juridiction. Sous Louis XVI, il fut de nouveau abandonné en partie, les chambres, qui se situaient face à la rivière furent destinées aux détenus pour dettes mais des plaintes étant parvenues au Pailement sur la malpropreté et l' insalubrité de cette prison dont les miasmes de l'hôtel-Dieu agrandi corrompaient l' air. On fit déguerpir aussitôt les détenus qui furent répartis dans les diverses prisons de Paris. Le Petit Châtelet fut démoli dans les dernières années du XVIII siècle en 1780.
Le Grand Châtelet
Il avait la forme d'un parallélogramme régulier, du côté de la Seine, des murailles hautes de quarante pieds étaient couronnées par des donjons placés de distance en distance, des engins de guerre montraient leurs museaux de fer ou de bronze entre les créneaux de ce mur noir et lézardé que des guirlandes de lichen, de pariétaires et de liserons, garnissaient de toutes parts. Une large porte défendue par des herses et des meurtrières servait à la communication de la cité proprement dite avec la rue Saint-Denis et toutes les rues et les quartiers qui y aboutissaient.
Du côté de la rue Saint-Denis, l' aspect du Grand Châtelet avait quelque chose de lugubre et de terrible, ses murailles, plus hautes de dix pieds que celles qui s' élevaient du côté de la rivière, étaient percées à des distances inégales par d' étroites lucarnes toutes bardées, grillées de barreaux de fer. Ce mur était monté dans toute sa longueur par une espèce de terrasse très étroite où étaient placées des guérites destinées aux factionnaires qui surveillaient jour et nuit les prisonniers. Lorsque Philippe Auguste eut porté au delà du Grand Châtelet l' enceinte de Paris, cette forteresse devint inutile pour la défense de la ville et on y établit le siège des juridictions de la Prévôté et la vicomté de Paris.
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Le château des chevaliers du temple à Paris
Dès le XIe siècle on voyait s' élever aux portes de Paris le palais des chevaliers du Temple. Il était si considérable qu' un chroniqueur de cette époque le compare à une ville. C' était un immense carré irrégulier entouré de murailles et crénelé de toutes parts. On y remarquait une église, un réfectoire, une cuisine, de grands appartements et de nombreux bâtiments pour loger les chevaliers et le grand maître. Philippe-le-Bel chercha dans cette forteresse imprenable un asile contre les fureurs populaires, les Templiers y avaient amassé des richesses réputées, les plus grandes du monde n' ont pas été une des moindres causes de leur ruine. Quand Perdre du Temple fut aboli en 1311 et que l' année suivante Philippe IV disposa de ses biens, on commença à dénaturer ou détruire l'ensemble de ce palais qui fut oublié jusqu'aux guerres avec les Anglais et celles de la Ligue où l' on se disputa souvent sa possession. En 1667, le grand prieur, Jacques de Souvré, fit bâtir en amont du vieux manoir un vaste hôtel dont une partie existe encore. Ce fut le théâtre des plaisirs de son successeur Philippe-de-Vendôme dont les soupers donnèrent au Temple une célébrité nouvelle par le choix, l' esprit et le scepticisme des convives. Le grand prieuré passa ensuite au prince de Conti qui y donna asile à J.J. Rousseau. Le dernier titulaire fut le duc d' Angoulème qui est mort durant son exil et son père, le comte d' Artois, y vint quelquefois renouveler les orgies du prince de Vendôme.
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Deux documents sur la ville, historique et archéologique
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Le grand châtelet
Le petit châtelet
La maison ou enclos du temple
Le donjon du temple
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La ville
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Les places fortes entourant l'Ile-de-France
Le monde des châteaux
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