samedi 8 décembre 2018

L'enceinte du site castrale, Conches-en-Ouche



























Capitale du pays d'Ouche, à deux pas d'Evreux au seuil du département de l'Eure, vers Paris, son histoire commence vers 1034 lorsque les seigneurs de Tosny héritèrent de ce fief et firent construire le château et les remparts de la ville. Le château est installé sur un promontoire qui domine les étangs formant la source du Rouloir, affluent de l’Iton. Losangique et de dimensions assez modestes, l'enceinte de la ville avait deux portes aux deux extrémités, le site primitif connaît au moins une grande phase de remaniements avec l’installation d’une motte et peut-être l’adjonction d’un enclos secondaire.






Localisation : 27 190, Conches, 
département de l'Eure

Région : Normandie

Construction : XIe siècle




Les historiens et les érudits locaux, dès la fin du XIXe siècle, admettent que le territoire de Conches a été tenu de longue date par la famille baronniale des Tosny. Le point d’implantation primitif de cette famille est situé, dès le premier tiers du XIe siècle, sur un surplomb naturel au-dessus des étangs de la source du Rouloir, au lieu-dit « Vieux-Conches ». Là, subsistent les vestiges d’un château féodal. Celui-ci est prétendument abandonné par Roger Ier de Tosny lors de la fondation de l’abbaye bénédictine Saint-Pierre de Castillon, vers 1035. Les auteurs considèrent qu’il y a à cette époque un transfert de l’habitat seigneurial en faveur d’un nouvel établissement dans l’orbite monastique. Les Tosny auraient alors créé un nouveau château à proximité de Saint-Pierre de Castillon et développé le bourg castral, qui deviendrait plus tard la ville de Conches-en-Ouche.


Le site castral 

Le site tire parti de la topographie du terrain. Installé en rebord de plateau, au niveau de la rupture de pente qui mène aux étangs, à l’est, l’ensemble fortifié exploite une cavée assez marquée au nord, nommée le Petit Couloir, dans la continuité de laquelle se poursuit le fossé périphérique de son enceinte. Cette dernière, losangique et de dimensions assez modestes (environ 73 x 55 m), constitue manifestement la structure de terre la plus primitive du château seigneurial des Tosny. Elle est complétée a posteriori par une motte artificielle tournée vers le plateau, circonscrite dans l’enceinte et isolée de celle-ci par l’adjonction d’un fossé. Un talus de contrescarpe vient renforcer la défense de la motte face au plateau. Il pourrait être contemporain de cette dernière et ajouté au dispositif initial, à moins qu’il ne s’agisse du remodelage d’une ligne de défense préexistante. À la pointe opposée du losange, au nord-est, une légère éminence suggère la présence d’un autre dispositif de défense avancé. Au sud de cet ensemble, dans la continuité de la rupture de pente, est accolé un deuxième enclos de forme vaguement quadrangulaire (environ 80 x 50 m). Il est barré à l’ouest par un long talus rectiligne doté d’un fossé externe. Les ruines de l’église Saint-Ouen se trouvent dans cette enceinte secondaire.

Il est possible que l’habitat ait été organisé autour du château et de l’église paroissiale, constituant ainsi un bourg castral. Toutefois, les travaux de terrain du PCR n’en ont pas révélé de trace. La lecture du plan de 2010 permet néanmoins de suggérer la présence d’un fossé, disparaissant au sud et se prolongeant à l’ouest, au-delà du talus de défense de l’enclos secondaire. Une limite nord pourrait exister à l’ouest de la motte, dans la continuité topographique de la cavée du « Petit Couloir ». Dans ce cas de figure, le bourg se développerait à l’ouest du site, vers le plateau, tandis qu’au nord, au lieu-dit « la Balivière », des sillons fossilisés par le couvert forestier témoignent d’activités agricoles.

L'enceinte de la ville avait deux portes aux deux extrémités possédait une paroisse : les deux faubourgs de Chatillon et de St-Etienne en formaient chacun une autre. De profonds retranchements formant les trois côtés d'une enceinte au bord de la forêt paraissent être les restes.
La forteresse possédait des murs d'une épaisseur de 2.60m. Les murs et les embrasures des fenêtres étaient enduits d'une couche de mortier mélangé de chaux et de sable fin afin de donner une apparence plus noble à cette construction en silex.


Durée de vie du site castral du « Vieux-Conches » 

Les Courtenay ne semblent guère enclins à s’installer sur le site ancestral des Tosny au « Vieux-Conches ». Mais s’il ne constitue plus un pôle de pouvoir seigneurial, il n’en reste pas moins actif après le départ des barons normands. L’exemple le plus frappant de cette persistance est la pérennité de l’église Saint-Ouen. Sa reconstruction, en 1239, atteste de la continuité de l’occupation du vieux site féodal.
Le site primitif connaît au moins une grande phase de remaniements avec l’installation d’une motte et peut-être l’adjonction d’un enclos secondaire. Typologiquement, ces dispositifs évoquent la deuxième moitié du XIIe siècle. Il est cependant difficile de lier ces architectures de terre aux sources écrites. Celles-ci évoquent notamment en 1199 le droit de Richard Cœur de Lion de fortifier Conches, mais à cette période charnière, il n’est pas possible de déterminer de quel Conches il s’agit. Lors du siège de la ville de Conches, en 1371, des bastides sont employées par les assiégeants. On trouve ainsi des gens de guerre « aux étangs » où d’importants travaux de terrassement sont conduit durant l’hiver. Manifestement, le site du Vieux-Conches est utilisé par Bertrand Du Guesclin pour le bivouac et le blocus. À l’issue de la guerre de Cent Ans, le site a probablement fini par perdre tout intérêt militaire.

Vu sur https://books.openedition.org/purh/4180


Phrases ou extrait de:

Painchault et Debaene, 2010
Charpillon et Caresme, 1868
Nortier, 2000
Musset, 1977
Gardin, 1865

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