dimanche 23 décembre 2018

L'enceinte Néolithique de Crécy-sur-Serre

















 Sur une plaine agricole du pays de la Serre, au coeur du département de l'Aisne proche de Guise et placé au Sud de Ham et au Nord de Laon qui fut autrefois la capitale du département, Crécy vit sa première enceinte se construire en 4000 avant Jésus-Christ.
Établie sur un rebord de plateau peu élevé en bordure d’une vallée sèche, l’enceinte de Crécy-sur-Serre s’apparente davantage aux retranchements de fond de vallée qu'aux sites de hauteur.







Localisation : 02270, Crécy-sur-Serre, 
département de l'Aisne

Région : Hauts-de-France


Construction :  4000 avant Jésus-Christ.




La Croix Saint-Jacques  

Le fossé sur une longueur de 770 m se délimite sur trois côtés, une surface sub-rectangulaire qui couvre au moins 13 ha ou 14 ha et s’étend, d’Est en Ouest, sur une longueur de 500 m, elle a une forme générale élipsoïdale.


* L'enceinte même:

L’emplacement choisi par les bâtisseurs de l’enceinte de Crécy-sur-Serre est partiellement en rapport avec la particularité topographique. L’extrémité orientale du fossé d’enceinte vient en effet s’appuyer sur un escarpement localement marqué en limite de la plaine alluviale. Sa pente à 50 % s’étire sur une trentaine de mètres, créant un dénivelé d’une quinzaine de mètres entre sa partie sommitale et le fond alluvial.

Établie sur un rebord de plateau peu élevé en bordure d’une vallée sèche, l’enceinte de Crécy-sur-Serre s’apparente davantage aux retranchements de fond de vallée qui s’appuient directement sur un cours d’eau ou sur la bordure d’une terrasse alluviale qu’aux sites de hauteur. Seule son extrémité orientale vient s’appuyer sur un escarpement prononcé qui domine (au XIXe siècle) d’une quinzaine de mètres le secteur alluvial. Cette particularité topographique ne permet pas d’assimiler l’enceinte de Crécy-sur-Serre aux gisements établis sur une avancée de plateau leur assurant une position dominante et barrés généralement par une levée et un fossé en arc de cercle. Ce type de retranchement en éperon barré est bien représenté dans la vallée de l’Aisne où plusieurs d’entre eux, attribués au Michelsberg, ont fait l’objet de fouilles ou de sondages à la fin des années 1970 et au début de la décennie suivante, notamment Couvrelles “La Carrière de Vasseny” (Lasserre 1979), Pernant “Le Roc Pottier” (Le Bolloch 1981 ; Lasserre 1982) et Sermoise “Les Fausses Rues” (Plateaux 1979). D’autres éperons barrés situés dans l’Oise ont fait l’objet de fouilles pendant les années 1980 et ont permis de périodiser le Chasséen septentrional (Blanchet & Martinez 1986)

En ce qui concerne la forme générale du fossé d’enceinte, subrectangulaire, l’exemple le plus proche est celui de l’enceinte chasséenne de Compiègne “Le Coq Galleux”, de forme éliptique, en bordure de l’Oise dont la surface est équivalente à celle de Crécy-sur-Serre. La conservation de la tranchée de palissade en particulier le long de la terrasse fluviatile permet de supposer que l’enceinte de Crécy-sur-Serre a probablement possédé un dispositif semblable sur son côté nord, à proximité de la rupture de pente qui prolongeait l’escarpement oriental. L’absence d’une tranchée de palissade conservée a été observée sur d’autres retranchements. C’est le cas par exemple pour les enceintes Michelsberg de Pontavert “Le Port aux Marbres” et Missy-sur-Aisne “Les Gardots”, en bordure de l’Aisne sur substrat alluvial, mais les secteurs fouillés sont restés assez limités. Le fossé de Boury-en-Vexin “Le Cul Froid” dans l’Oise n’en possède pas non plus. Il a été établi sur un replat du plateau vexinois où affleurent des bancs de calcaire dur et des niveaux de sable calcaire, un substrat qui permet l’utilisation de blocs pour édifier un parement comme cela a été envisagé de part et d’autre de l’interruption fouillée (Lombardo et al. 1984).


* Sa forme, ses dimensions:

Le fossé, suivi sur les côtés est, sud et ouest, délimite une surface subrectangulaire (presque circulaire) d’environ 14 ha. Une rupture topographique formait alors un prolongement de l’escarpement oriental et l’on peut y envisager la présence d’un système de fermeture dont les infrastructures ont disparu. L’espacement maximal atteint 500 m d’est en ouest et 300 m du nord au sud. Le fossé d’enceinte se développe sur une longueur de 850 m dont 618 correspondent aux longueurs cumulées des 33 segments conservés.

L’extrémité orientale du fossé prend appui sur l’escarpement qui domine d’une quinzaine de mètres la plaine alluviale de la Serre. En raison de l’érosion qui s’est intensifiée peu avant la pente, il apparaît à une dizaine de mètres du rebord actuel, un peu en deçà de la courbe de niveau de 75 m. Le fossé se dirige ensuite vers le sud en conservant un tracé rectiligne sur une centaine de mètres. Une grande courbe assez régulière réoriente l’aménagement vers l’ouest un peu au delà et parallèlement à la courbe de niveau de 80 m, selon une direction semblable à celle de la vallée. Son tracé est à nouveau pratiquement droit (subrectiligne) sur une longueur de 300 m. Un léger décalage vers le sud d’une dizaine de mètres se produit entre les tronçons lorsqu’une amorce de retour vers le secteur alluvial apparaît. Le fossé s’oriente alors vers le nord-ouest mais conserve un tracé linéaire sur une longueur de 120 m. Un nouveau grand virage régulier permet ensuite au fossé de se diriger vers le nord en direction de la vallée de la Serre sur une longueur pratiquement droite (subrectiligne) de 160 m. Le dernier segment qui marque l’extrémité occidentale du fossé d’enceinte prend une orientation légèrement plus décalée vers l’est, ce qui montre que le retranchement tend à se refermer sur lui-même et vient renforcer l’hypothèse selon laquelle le côté nord de l’enceinte suivrait un rebord du substrat crayeux actuellement masqué par une roche limoneuse.


* Les occupations du néolithique moyen Crécy-sur-Serre “La Croix Saint-Jacques”, enceinte Michelsberg: 

 Établie sur une position légèrement dominante en bordure de la vallée de la Serre mais en pente, l’érosion a fait disparaître dans la partie interne qui a été décapée, soit environ un tiers de la surface, la totalité des éventuels aménagements de cette période. La seule autre structure néolithique reconnue est un fond de fosse de la culture de Villeneuve-Saint-Germain, conservée sur une vingtaine de centimètres seulement, ce qui témoigne de l’intensité de la dégradation des horizons géologiques sur ce secteur, y compris la craie sénonienne. L’absence de témoins en relation avec les activités ou les aménagements internes aux enceintes du Néolithique moyen est toutefois souvent observée, même lorsque l’érosion n’a pas été très intense, ce qui ne facilite pas leur caractérisation fonctionnelle. Sur ces gisements. Avec une surface interne voisine de 14 hectares, Crécy-sur-Serre appartient aux grandes enceintes que l’on observe plutôt en fond de vallée qu’en rebord de plateau où la surface des retranchements est moins importante et où le caractère défensif est évident.
La partie occidentale de l’enceinte semble logiquement davantage concernée pour localiser d’éventuelles structures d’habitat mais la circulation de récipients appartenant à l’ensemble des catégories différenciées s’est faite sur la totalité de l’aménagement périphérique, avec les nuances précédemment évoquées. L’absence d’aménagements de nature domestique dans la partie orientale pourrait conforter la partition de l’espace interne qui semble s’esquisser.
Des aménagements ont été observés dans le fossé d’enceinte : une fosse ovalaire très régulière (2,75 m x 2,35 m) et profonde (1,80 m sous le niveau de décapage), plusieurs empierrements subrectangulaires (presque rectangle) constitués de blocs de craie dont deux étaient localisés de part et d’autre de la fosse ovalaire et un foyer. Une autre fosse de forme régulière avait été creusée elle était plus profonde (2,90 m) et cylindrique (Ø : 2,80 m). D’autres aménagements ont déjà été observés dans le fossé de Crécy-sur-Serre : une fosse profonde montrant une succession de niveaux très charbonneux, une structure de combustion empierrée et un four.

Les tranchées linéaires réalisées à l’intérieur du retranchement n’ont livré aucune structure contemporaine de l’occupation de l’enceinte. Elles ont toutefois permis de localiser un fond de fosse du groupe de Villeneuve-Saint-Germain. Elle est conservée sur une vingtaine de centimètres et présente une forme allongée (4,50 m x 2,75 m) et une orientation qui suggèrent d’y voir une fosse de construction bordant une habitation.


* Crécy par rapport à d'autres sites

Crécy-sur-Serre, avec une aire de 14 ha, se situe donc largement au delà de la valeur moyenne des sites de hauteur. Sa superficie dépasse aussi celle de quelques sites Michelsberg de l’Aisne localisés en fond de vallée à Maizy “Les Grands Aisements” (Le Bolloch et al. 1986), Bazoches-sur-Vesle “Le Bois de Muisemont”(Dubouloz & Auxiette 1994) et Concevreux “Les Jombras” (Beeching et al. 1982) qui se situent entre 9 et 10 ha. Des surfaces équivalentes à celle de Crécy-sur-Serre peuvent être observées sur le gisement Michelsberg de Missy-sur-Aisne “Les Gardots” en bordure de l’Aisne où l’emprise atteint 15 ha (Lasserre & Le Bolloch 1978), sur l’enceinte du groupe de Noyen située à Gravon (Seine-et-Marne) qui ferme un méandre de la Seine dont la surface est proche de 12 ha (Mordant 1982) et sur le site chasséen septentrional de Compiègne “Le Coq Galleux” en bordure de l’Oise qui s’étend sur 14 à 15 ha (Toupet 1980, 1984). Des surfaces supérieures à l’enceinte de Crécy ont été reconnues à VillersCarbonnel “La Sole d’Happlincourt” (Somme) où l’enceinte chasséenne la plus récente a une surface estimée entre 15 et 20 ha (Bostyn 2011) et sur le site Michelsberg de Mairy (Ardennes) qui atteint 18 ha (Marolle 1988 et 1998).
Avec son fossé unique fréquemment et irrégulièrement interrompu et sa variabilité morpho-dimensionnelle, l’enceinte de Crécy-sur-Serre ne peut-être comparée avec les sites de vallée qui ont nécessité un investissement collectif plus important en raison d’un éventuel prolongement dans le temps, mais plus probablement en liaison avec les fonctions particulières qui leur ont été associées.







La ville

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Crécy sur la base Pop-culture

Le Beffroi

Deux documents sur l'enceinte néolithique
La Croix Saint-Jacques

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