mardi 14 avril 2020

L'enceinte de Pierrefonds













Enchassée à l'orée de la forêt de la Compiègne entre Compiègne et Soissons un peu plus au Nord, la commune accueille son premier château vers le milieu du XIIe siècle qui a peut-être été édifié par le premier seigneur connu de Pierrefonds, Nivelon. Sous l'impulsion du Duc d'Orléans au milieu du moyen-âge, le château est remplacé par une construction plus vaste, cette place-forte pentagonale irrégulière entourée de remparts servait à la surveillance des échanges entre les Flandres et la Bourgogne. Par la suite, le château fut démantelé au XVIIe et se trouva à l’état de ruines deux siècles plus tard lorsque Napoléon III, alors en poste comme empereur, décide d’en confier la reconstruction à l’architecte Eugène Viollet-le-Duc.










Localisation :   60 350, Pierrefonds, département de l'Oise


Région : Hauts-de-France






Plan interprété du site avant 1870


Le château proprement dit est établi à l' extrémité d'un promontoire formé par le plateau du Soissonnais qui sur ce point est profondément érosé (abîmé, creusé par le temps) par des vallées. Le point extrême de ce promontoire, bien qu' élevé de 25 mètres au dessus des deux vallons, est en contre-bas du niveau du plateau de 20 mètres environ de telle sorte que ce plateau commande l'assiette du château. D'ailleurs, à 250 mètres de la forteresse, le promontoire s'élargit brusquement et se réunissant à d'autres escarpements forme deux amphithéâtres qui semblent disposés tout exprès pour permettre d'entourer le château d'un demi cercle de feux. Il était donc très important de commander le plateau, ces deux amphithéâtres et de séparer l' extrémité du promontoire de la plaine élevée à laquelle il se soude largement.
Cette forteresse célèbre bâtie comme on sait par Louis duc d' Orléans et comte de Valois, fut démantelée en 1617 sur ordre de Louis XIII.
On détruisit à cette époque les ouvrages avancés et l'on pratiqua, aux dépends des murs, les profondes entailles qui sont encore visibles car le reste de l' édifice est demeuré intact.

Le château se présente comme une grande enceinte sub-rectangulaire apparemment de type «philippien », flanquée de tours circulaires ou semi-circulaires aux angles et aux milieux des faces; cependant, le concepteur joua de la présence d’un élément antérieur qu’on a essayé de caractériser précédemment, l’enceinte trapézoïdale de la chemise, pour établir son programme d’ensemble. Du coup, celui-ci n’entre pas dans le schéma prédominant de l’enceinte «philippienne » , marquée par la régularité et le poids équivalent des diverses tours, à l’exception de la tour maîtresse. Un simple coup d’oeil sur le plan permet de distinguer, d’emblée, deux zones.

En 1392, à la mort de son père Charles V, Louis d'Orléans reçoit en apanage le comté de Valois, plusieurs châtellenies, dont Pierrefonds, et le duché de Touraine. En 1406, le roi érige le comté en duché, y incluant entre autres Pierrefonds. En 1396, Louis d'Orléans entreprend la reconstruction quasi totale du château, l'architecte n'est pas connu, bien qu'on puisse sans doute attribuer l'édifice à Raymond du Temple. Le chantier fut dirigé par le maître d' œuvre de la châtellenie de Senlis Jean le Noir, et supervisé après la mort de Raymond du Temple par le maître général des œuvres du duché Jean Aubelet. Les travaux s'interrompirent après l'assassinat du duc en 1407, alors que les logis bordant la cour ne comportaient encore que leurs deux niveaux gigantesques de caves, mais ils ne furent jamais achevés. Le château est destiné à la surveillance des échanges entre les Flandres et la Bourgogne, deux domaines qui appartiennent à la famille des ducs de Bourgogne, rivaux des Orléans.
Le château se présente sous la forme d'un quadrilatère irrégulier de 65 × 85 m, flanqué de huit grosses tours portant chacune dans une niche la statue d'un preux. La façade principale est également ornée d'un bas-relief représentant l'Annonciation. Cela s'inscrit dans une transformation, qui émerge en ce début du XVe siècle, de la conception du château qui n'apparaît plus seulement comme un objet de défense mais aussi comme un lieu d'habitation. Un des traits les plus caractéristiques du système de défense du château est d'être muni, au niveau des courtines et des tours, de deux chemins de ronde superposés. Le premier, chemin de ronde inférieur, est couvert d'un toit pour empêcher l'escalade au moyen d'échelles et repose sur des mâchicoulis. Les murs sont percés d'archères cruciformes permettant d'atteindre les assaillants qu'ils soient éloignés ou proches des murailles. Le chemin de ronde supérieur, avec ses créneaux et ses meurtrières, forme une seconde ligne de défense. L'originalité est que le crénelage se trouve de niveau avec celui des tours, ce qui permet une communication entre elles. Enfin, sur les deux grosses tours Charlemagne et Jules César, Viollet-le-Duc a rajouté un troisième étage de défense – que beaucoup de spécialistes contestent – constitué de hautes cheminées crénelées qui donne au château un aspect féerique.

 L' enceinte embrasse six mille sept cent vingt mètres carrés et dessine un pentagone irrégulier présentant au Nord un front de quarante mètres, de soixante quatre mètres à l'Ouest, de quarante et un au Sud et soixante-dix-neuf mètres en une ligne brisée vers l'Est.

 Les neuf tours qui protégeaient le rempart et qui ne sont pas comprises dans ces dimensions ont chacune quinze mètres de diamètre qui donne un développement total de trois-cent-quarante-quatre mètres. La maçonnerie excite l' admiration des architectes.
Les tours, dont les murailles ont cinq mètres d' épaisseur à la base s'élèvent à trente six mètres. Tout l' édifice est garni de mâchicoulis dont les consoles énormes sont divisées en trois retraits. Les fenêtres, irrégulièrement percées, sont carrées et encadrées dans des tores, celles de la chapelle placée dans la tour du Sud est étroite et à moulures cylindriques descendant sur des socles, ce qui indique assez bien la fin du XIVe siècle. Deux tours portaient à l'extérieur des niches en ogives encadrées de feuillages contenant des statues  riche en leur exécution.

Le donjon était formé de deux bâtiments carrés inégaux, contigus à cinq étages, ses fenêtres, larges et carrées ont des colonnettes et des meneaux  transverses, on y voit une cheminée polygonale à grosses colonnes engagées et une à guirlande de feuilles découpées. Le tuyau est terminé en cylindre. Il y a des guérites extérieures en encorbellement. Les intérieurs des pignons sont ornés de tores. Tels sont les caractères chronologiques encore visibles de ces restes imposants.

 L'église de Saint-Jean-aux-bois dans la forêt de Compiègne, entourée d' une muraille et d' un fossé qui délimitait, dans les anciens la maison royale de Cuise, l'espace avec le reste. On y accède par un pont à deux arches et une porte couverte plein cintre défendue par deux tourelles couronnée de mâchicoulis simples. Cette construction n'est pas nettement définie, mais nous la croyons en voyant l' église, que nous avons dit bâtie au douzième siècle.








Le système de défense extérieur

Le système de défense se présente sous la forme d'un profil placé en longueur (figure 1), pris perpendiculairement au front du château vers le plateau.

A est le pied du château au niveau du pont-levis
B le niveau du plateau
C est un premier boulevard légèrement convexe comme une demi-lune très ouverte et dont les extrémités touchent aux escarpements du promontoire aux points où ils commencent à se prononcer.
D est un second boulevard séparé du premier par une route. Ce second boulevard présente une courbe plus fermée que le premier et s' abaisse sensiblement vers son milieu et est epaulée par deux cavaliers dominant toute la demi-lune extérieure, la plaine et les deux escarpements.
Ainsi le troisième boulevard E enfile le premier boulevard C et prend en écharpe les deux cavaliers du second boulevard D. En G est creusé le fossé dont nous avons parlé plus haut et en H est établie l' esplanade inclinée qui permet de poser des pièces en batterie pour enfiler tout l' espace E F. On a profité de la configuration naturelle du sol pour élever ces ouvrages fort dégradés il y a quelques années. A partir des deux cornes du premier boulevard C commencent des clôtures qui maintiennent l' escarpement du promontoire dont le relief est d' autant plus prononcé qu' on s' avance vers le château. Ces clôtures latérales sont élevées à mi-côte renforcées de contre-forts et forment des redans (une partie ressortant du mur en forme de triangle ou de rectangle) côtés qui présentent autant de flanquements. Quant au château lui-même, il est établi sur une sorte de plate forme.



Vu sur
la page 203 https://books.google.fr
        la page 8  https://books.google.fr/books
               Cette page https://www.persee.fr/doc/bulmo



Les deux zones de ce château qui se présente comme une grande enceinte sub-rectangulaire apparemment de type «philippien » , flanquée de tours circulaires ou semi-circulaires aux angles et aux milieux des faces se montrent ainsi;

- La première, qui constitua l’élément dominant, est formée par le quart sud de l’ensemble castral. Il comprend le logis neuf de Louis d’Orléans, implanté sur les murs de l’ancienne chemise ; ce logis a été flanqué vers le sud par les deux tours majeures (tours César et Charlemagne) qui dominaient largement le reste de l’enceinte et vers le nord-est par une tour carrée à contreforts, elle-même reliée à la tour de la chapelle (tour Judas Macchabée). . Au sud, ces bâtiments délimitent avec l’enceinte extérieure, une petite cour trapézoïdale que Viollet-le-Duc a baptisée «cour aux provisions » du fait du rôle qu’il attribuait à la porte ouverte dans la courtine sud-est entre la tour Charlemagne et la tour de la chapelle.

- La seconde zone est constituée par les trois quarts restants du château qui devaient accueillir les bâtiments non affectés à la résidence, autour d’une grande cour bordée au sud-est par les bâtiments du «donjon » et de la chapelle. Cette distinction en plan se retrouvait également en élévation : il suffit d’examiner la gravure de Duviert pour se rendre compte à quel point le «donjon » dominait le reste du château, constituant un ensemble massif et puissant face au plateau. Cette vision est encore présente, après les restaurations, si ce n’est que la restitution des toitures des bâtiments de la cour principale, émergeant de l’enceinte, contribue à une certaine égalisation d’ensemble.


Une partie l'enceinte mise en place à la reconstruction du château au XIXe siècle;

L’enceinte fut établie suivant un tracé neuf, sur les escarpements en contrebas de la plate-forme du château primitif ; il y avait donc une forte dénivelée, de plus de seize mètres, entre la base des tours et des courtines ceinturant la cour et la cour intérieure, de même qu’entre ces bases et celles des deux tours majeures du front d’attaque. L’architecte profita également de cette circonstance pour aménager entre la plate-forme originelle et l’enceinte neuve deux niveaux de caves voûtées qui constituent un élément spectaculaire et très mal connu du château ; il pouvait ainsi doter le château de volumes de stockage et d’annexes considérables, sans pour autant faire réaliser des travaux de terrassement qui eussent été gigantesques s’il avait fallu creuser. Comme l’a fait par ailleurs remarquer Jacques Harmand, ce dépassement des caractéristiques naturelles du site a permis de bâtir ici l’une des plus vastes enceintes rectangulaires du Moyen Âge, mesurant environ 97 m par 100, largement au-delà des forteresses «philippiennes » d’origine comme le Louvre, Dourdan ou d’autres.








Documents sur l'enceinte, le château
page 203
https://books.google.fr/books
http://www.chateau-pierrefonds.fr/


Une très belle étude sur le château, l'enceinte
https://www.persee.fr/doc/bulmo


 Le patrimoine 


 Le tourisme 



 La ville de Pierrefonds




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