dimanche 4 mars 2018

L'enceinte de Mantes-la-Jolie





































Mantes-la-Jolie est située au Nord des Yvelines, plus précisément à l'Ouest de Paris et au Nord-Ouest de Versailles, préfecture du département. La ville est au centre d’une agglomération qui compte près de 90 000 habitants, elle est implantée au cœur de la vallée de la Seine, dans un méandre de la rive gauche du fleuve, elle était la première ville royale de la vallée de la Seine. Pour l’Île-de-France, région où la majeure partie des fortifications urbaines a été arasée, il s’agit de vestiges exceptionnels de fortifications royale.







Localisation   78200, Mantes-la-Jolie, 
département des Yvelines

Région Ile-de-France

Construction  XIe-XVe-XXe siècle





Au Moyen Âge, face au duché de Normandie, Mantes-la-Jolie était la première ville royale de la vallée de la Seine pour le contrôle des liaisons fluviales et routières entre Paris et Rouen. Par ailleurs, l’itinéraire nord-sud de la vallée de la Vaucouleurs, parallèle à la frontière ducale, reliait les villes de Chartres et Beauvais en franchissant la Seine à Mantes. En raison de cette situation de frontière et de nœud de communication, les Capétiens puis les Valois furent particulièrement attentifs au renforcement de cette ville si stratégique, tant du point de vue politique que commercial. Ainsi, dès le XIe s., la constante rivalité entre les ducs de Normandie et les Capétiens entraîna la création d’une première enceinte défensive. Celle-ci fut étendue au fur et à mesure du développement urbain et matérialisa, peu ou prou, les limites de Mantes jusqu’au début du XXe s. 

Très tôt la ville a été fortifiée en plus du château. C’est la première enceinte que les archéologues restituent par déduction appuyée sur la morphogenèse. A la suite des pillages normands, Charles le Chauve renforce les fortifications du château et fait reconstruire les murailles de la ville. La ville était « munie de bonnes murailles et remparts avec de très larges et profonds fossés » selon une chronique postérieure citée par Marcel Lachiver. Cela n’empêcha pas sa mise à sac par le duc de Normandie en 1087. Les habitants reconstruisirent la ville et « firent clore leur dite ville de murailles et tours ». On peut considérer que cette période fut celle de l’édification de la seconde enceinte. Luc Bourgeois en a reconstitué le tracé qui se confond avec la muraille postérieure au nord, de la tour Saint Roch à la Tour Brayant. A partir de cette dernière le tracé se resserre pour rejoindre la rue de la porte Cadotte puis la rue de la Sangle (Luc Bourgeois lui fait néanmoins faire un détour par la rue Maurepas, plus au sud, avant de rejoindre la rue de la Sangle puis les bords de Seine). La prospérité de la ville au XIIe siècle entraîna la croissance de la population, qui selon les données du Pouillé de Chartres devait dépasser 1500 habitants in muros et peut-être le double avec les faubourgs selon Bruno Dufaÿ. Les deux directions prises par cette expansion sont le prieuré Saint-Martin et le prieuré de la Madeleine, si bien qu’une troisième enceinte fut entreprise dans le courant du XIIIe siècle. Il est vraisemblable mais pas attesté que ce fut l’œuvre de Philippe-Auguste. Les limites de la ville sont alors fixées jusqu’au cadastre napoléonien. Des aménagements sont toutefois effectués au gré des besoins, comme sous le règne de Saint-Louis, où la porte de la ville du côté des Cordeliers est refaite à neuf. En 1313 ce sont les murs du côté de Rosny qui sont en très mauvais état. Louis X le Hutin demande aux habitants de reconstruire la porte de Rosny à leurs frais. Le reste de la muraille est ruiné jusqu’à la porte aux Saints.

À partir du milieu du XIVe s., Mantes subit de plein fouet les désordres de la guerre de Cent Ans. Durant cette période, la ville est successivement prise par l’un ou l’autre des adversaires à neuf reprises. De ce fait, des travaux furent régulièrement engagés pour renforcer l’enceinte urbaine. Dès 1351 Charles de Navarre, allié des Anglais, engagea une première campagne de consolidation des fortifications. Puis, après la reprise de Mantes par Du Guesclin en 1365, le roi Charles V poursuivit les travaux. En 1419, les bourgeois de Mantes livrèrent la ville à Henry V Lancastre, qui disposa ainsi d’une place forte majeure pour le contrôle de la région, Mantes se situant désormais à la limite des possessions anglaises de Normandie et de la France anglo-bourguignonne. De ce fait, entre Rouen élevée au rang de nouvelle capitale du royaume et Paris gagnée à la cause bourguignonne, Mantes jouait un rôle particulièrement actif dans la nouvelle carte politique du royaume. Suite à la signature du traité de Troyes qui instaura le principe de la double monarchie en 1420 et légitima l’autorité d’Henry V, la commune ne fut plus « occupée » car relevant de la seule autorité du Lancastre. Avec la mort de ce dernier en 1422, puis avec celle de Charles VI, la commune dut obéissance à Henry VI, seul souverain légitime, mais seulement âgé d’un an. C’est donc aux exigences du duc de Bedford, frère de Henry V et régent, que la commune se plia. C’est dans ce contexte qu’une nouvelle campagne de travaux fut engagée et se prolongea jusqu’en 1449, date de la fin de « l’occupation anglaise ». À cette époque, on estime que la population de Mantes s’établissait à environ 2000 habitants.
À cette époque, on estime que la population de Mantes s’établissait à environ 2000 habitants. L’enceinte présentait une circonférence supérieure à 1,5 km et comportait sept portes et treize tours. Les trois principaux accès étaient la porte aux Saints ou Chatraine placée à l’est sur la route de Paris, la porte aux Images ou du Pont donnant accès au pont traversant la Seine en direction de Beauvais, et la porte de Rosny ouverte à l’ouest, vers Rouen. Cette dernière constituait le plus important élément fortifié de l’enceinte. À l’époque de l’intervention, les informations relatives à la porte de Rosny apparaissaient assez sommaires. En 1876, Eugène Grave, un historien local qui avait fortuitement observé les fondations lors de travaux, décrivait « deux grosses tours rondes, reliées entre elles, assez rapprochées, de manière à laisser en dessous le passage d’une voiture.
La porte de Rosny avait un étage, et un toit en poivrière au-dessus de chaque tour. C’était là, autrefois, qu’était gardés la poudre et divers engins de guerre appartenant à la ville ». En 1925, Eugène Saintier, autre historien mantais, publia un livre consacré aux fortifications de Mantes. Pour lui, la construction ou la reconstruction de la porte de Rosny avait été entreprise en 1313-1315, à la demande de Louis le Hutin. Eugène Saintier précisait que la porte « portait les armes de la ville et était composée de deux tours assez rapprochées ; mais laissant entre elles le passage de voiture, les tours reliées par un bâtiment rectangulaire étaient construites avec les matériaux provenant des charniers du cimetière et des maisons du faubourg ; les charpentes étaient couvertes en tuiles ». Cette description était accompagnée du plan des vestiges souterrains qu’Eugène Saintier avait visités en 1891, ainsi que du relevé « des fragments de murs » du rez-de-chaussée observés en 1922. Enfin, des observations archéologiques avaient été effectuées en 1982 par le Credop (Centre régional d’études historiques et documentaires de l’ouest parisien) lors de terrassements effectués place de la République, mais sans avoir donné lieu à la rédaction d’un rapport (information Olivier Blin).

Pour sa part, l’iconographie est assez approximative. La pièce la plus ancienne est un plan manuscrit de Mantes à la fin du XVIe s.  sur lequel on distingue, comme l’indiquait Eugène Saintier, deux tours précédant un bâtiment central traversé par un passage charretier. Cette disposition est confirmée par le Plan de dîmage des chanoines de 1622 et sur une estampe conservée à la Bibliothèque nationale de France (coll. Lallemant de Betz, Vxs 23, Ft 5, n° 2897). En revanche, les deux gravures représentant Mantes depuis les coteaux de Limay, respectivement datées du règne de Henri IV (CHASTILLON 1641) et du milieu du XVIIe s., ne montrent plus que les parties hautes du bâtiment central et de la tour sud. La démolition des parties hautes de la tour nord peut donc être datée de la première moitié du XVIIe s., époque de la destruction de certaines fortifications édifiées autour de la porte de Rosny. Enfin, le plan général de la ville de Mantes avec ses nouveaux ponts et leurs abords, dressé vers 1756-1765 préalablement au percement de l’actuelle rue Nationale à travers la ville ancienne, représente les tours de la porte de Rosny au trait fin, c’est-à-dire de la même façon que les édifices à démolir. Ce détail prouverait que la démolition du siècle précédent n’avait été que partielle. Enfin, le Cadastre napoléonien permet, d’après la dimension des parcelles bordant l’enceinte, d’estimer la largeur du fossé, tout au moins pour l’Époque moderne, à environ 26 mètres. Un pont dormant associé à un pont-levis permettaient son franchissement.


Pour l’Île-de-France, région où la majeure partie des fortifications urbaines a été arasée, il s’agit de vestiges exceptionnels de fortifications royales qui, au sein du même ensemble architectural, témoignent d’un demi-siècle d’expérimentations pour créer des espaces spécialisés, pour adapter un ouvrage fortifié préexistant au développement de l’artillerie à poudre et à l’utilisation du boulet métallique. L’importance des travaux de fortification effectués à Mantes au XVe s. prouve qu’à la demande des autorités royales, anglaise puis française, la commune mobilisa efficacement et rapidement ses ressources pour renforcer ses défenses et faire face aux menaces militaires de l’époque.



Durant tout le bas Moyen Âge les fortifications de la ville furent financées par les Mantais. De la sorte, on exigeait de la communauté un service d’entretien des remparts, des tours, des portes, des fossés, ainsi que le gué. Cependant, en raison d’un manque d’entretien, l’enceinte était très délabrée et n’était plus véritablement adaptée à la poliorcétique du XVe s., en particulier à l’usage de l’artillerie. Aussi, Henri V décida d’y mener une politique active de travaux de réfection et d’aménagement, faisant de Mantes un élément clé pour sa mainmise sur le pays et les opérations militaires alentours, comme par exemple l’expédition de Meulan en avril 1420 (GRAVE 1896, p. 16-17). Mantes, déjà acquise à la cause bourguignonne, s’accommoda de la domination des Lancastre dont la légitimité était réglée par le traité de Troyes. Ainsi, les Mantais ne faisaient que se soumettre à la seule autorité légale du royaume, et lorsque Henry V et plus encore le duc de Bedford décidèrent de la réfection des fortifications de la ville, ils le firent en s’adressant à leurs sujets et non à une population occupée. Cette légitimité politique reconnue, les Lancastre usèrent d’une politique fiscale particulière, et reprise aux Valois pour entreprendre la rénovation et l’aménagement de l’enceinte. Ainsi, Henry V puis son frère décidèrent d’abandonner à la commune une partie des taxes qu’ils prélevaient habituellement sur la vente du vin et du sel. Ce renoncement fut cependant assujetti à la condition expresse que le bénéfice fut affecté aux seuls travaux de fortification. Il s’agit d’une politique d’imposition indirecte commune aux villes occupées (JONES 1999, p. 111) : entre 1418 et 1422, Argentan, Bayeux, Caen, Evreux, Falaise, Gisors, Louviers, Mantes, Montvilliers, Pontoise, Rouen et Vire ont toutes contribué à ce système fiscal de financement de défense urbaine. À Mantes, l’attribution du titre « Chouquet » vient de la proximité étroite qui existe entre l’impôt levé sur le vin et les travaux que sa perception permit.






Des documents sur la ville

Trois documents sur la ville fortifiée 



Le patrimoine



La ville



*



Les places fortes d'Ile-de-France

Châteaux, château-fort, donjons

Le monde des châteaux






Le tourisme en Yvelines









Tour Saint-Martin (en 1976)






Une échauguette de l'enceinte



Porte de Rosny



Le château











Actuellement




















Aucun commentaire: