jeudi 8 mars 2018

L'enceinte de Soissons















Point de jonction naturel des trois zones géographiques et culturelles que sont l'ancienne région Picardie, l'ancienne région Champagne et l’Île-de-France, entre Compiègne et Reims, au Sud-Ouest du département de l'Aisne, Soissons a été deux fois capital, place forte... Avant notre ère, la ville se dote déjà de remparts, ils évoluent, s'affinent avec le temps ...







Localisation   02200, Soissons, 
département de l'Aisne

Région Hauts-de-France

Construction IIIe siècle après Jésus-Christ, IXe - XVIIe siècle








* Du Haut Empire, période Romaine jusqu'au XVIe siècle

 La structure interne de la ville au Haut-Empire (27 Av Jésus-Christ- 284 après JC), donc  la ville, s'organisait sur des axes majeurs nord-sud et est-ouest : cardo (rue du Commerce ou rue de Beauton) et decumanus (rue du Collège ou rue de l'Échelle du temple). On peut supposer que le passage de l'Aisne se faisait dans le prolongement du decumanus. L'organisation de la cité antique est encore perceptible dans la régularité de la voirie en centre-ville.

Au Bas-Empire, à la fin du IIIe siècle la ville se rétracte dans un castrum d'environ 12 ha. Un imposant mur d'enceinte, dont l'élévation est constituée de lits de pierres calcaires et de tuiles, est fondé sur plusieurs lits de blocs récupérés de monuments publics religieux et funéraires. Ces remplois laissent penser que les monuments détruits provenaient de l'extérieur de cette nouvelle enceinte ou étaient situés sur son tracé. Les structures d'habitat, comme le théâtre et tous les bâtiments publics, sont marqués par cet état d'abandon et de récupération de matériaux. L'enceinte urbaine, de tracé rectangulaire de 300 sur 400 m de côté, était équipée de tours carrées, l'une d'elle est encore visible place Montoie. Elle devait être bordée de fossés alimentés par les eaux de la Crise. Deux portes sont assurées à l'ouest et au sud.

En 877, sous le règne de Charles le Chauve, apparaît la mention d'un comté de Soissons. En 886, le premier comte Éric appuie son pouvoir local en tant qu'abbé laïc de Saint-Crépin, qu'il dote dans les campagnes et à l'intérieur des remparts de la cité. Au début du Xe siècle, les comtes de Vermandois sont les maîtres du Soissonnais. Vers 920, Charles HI le Simple séjournera à Soissons, à l'intérieur de l'enceinte de la ville, sans doute à l'endroit de la tour comtale médiévale. Trois ans plus tard, les troupes de Robert Ier, couronné à Reims en 922, repousseront des murs de Soissons celles de Charles le Simple.

Du rempart, on ne distingue pas d'installations de défense particulière à Soissons pendant cette période où doit subsister le vieux mur du castrum qui ne peut plus assurer la sécurité de la cité. La ville et les abbayes ne résisteront pas aux pillages normands de la fin du IXe siècle (attaques du roi normand Siegfried qui ravage Saint-Médard en 886).

La ville médiévale est prospère au XIIe et au XIIIe siècle. L'accroissement de la population commandera la création d'une plus vaste enceinte fortifiée incluant quelques églises paroissiales. La ville est structurée par trois ensembles : cathédrale et palais épiscopal, abbaye Notre-Dame, Château des comtes ainsi que par ses cinq paroisses.

La Commune, instaurée au XIIe siècle (1116), fut petit à petit chargée des grandes dépenses de la ville (fortifications, collèges, police, etc.) et donc vite asphyxiée par les dettes faute de ressources, celles-ci étant accaparées par les autres pouvoirs (comtes et religieux). La dilution des pouvoirs dans la ville va occasionner des problèmes d'organisation. Les premiers effets de la guerre de Cent Ans se font sentir à Soissons en 1359 : ils occasionnent la construction des fortifications à Saint-Jean-des- Vignes, Saint-Crépin-le-Grand et Saint-Médard. La ville qui résiste au roi Charles VI et à l'armée des Armagnacs est assiégée et pillée en 1414. Après la ruine, la ville change de mains à vingt-cinq reprises dans le quart de siècle qui suit. Le comte de Soissons et de Saint-Pol, Louis de Luxembourg, fait reconstruire la ville jusqu'à son exécution (t 1475) et l'évêque Jean Milet (1442- 1502) en favorise la reprise par sa générosité, mais les communautés religieuses, sévèrement touchées, ne se relèvent pas avant la fin du XVIe siècle.

La Ville était devenue plus forte, elle fut fortifier, pour la rendre plus grande qu'auparavant.
Le Rempart du bout de la Rue de Saint-Rémy retournait de la Tour Macé à la Porte de Saint-André qui était fortifiée de deux Tours qui continuaient jusqu'à la Rivière. Pour enfermer Abbaye de Saint-Jean dans la Ville suivant les Ordres du Roi, le Rempart fut conduit jusque derrière le Mont et de là jusqu' à la rivière. Sur cet espace on marqua les quatre Bastions; de Saint-Rémy, de Mion, de Saint-Jean, de la Bergerie et la Pointe de Saint-Crespin. Le premier est le plus petit et n'a pas été construit tel un fort moderne de son époque,  les trois autres sont plus grands et semblent plus réguliers (deux à oreilles et un à espaules). Avec une pareille diligence on construisit, au Bourg, le Bastion de Saint-Vaast enserré entre deux autres.  Entre ces travaux, pour soutenir la muraille, on éleva des Terrasses le long du Rempart,  ainsi, la Porte Bouillant qui menait au Pont droit à Saint-Médard, demeura bouchée. Il ne resta plus que celle de Croüy qui fut tournée et fortifiée. Durant le creusement du fossé de la Ville on trouva des reliques de l' antiquité.

Depuis, dans le fossé de la pointe de l' Evangile, il fut découvert un conduit de pierre voûté jugé avoir été construit prés de la muraille de ce Château, mais on ne sait pas pour quel usage il fut, pour servir d'égout ou d'aqueduc. En même temps, on travaillait à enfermer l'Abbaye de Saint-Jean dans la Ville en avançant le fossé pour le Bastion de Saint-Rémy,  des marques de l' ancienne Eglise furent trouvées ainsi que de gros piliers des murs épais, les Fours qui servaient au Baptême, etc...


~ Dans un nouvel espace urbain

La topographie soissonnaise, au Moyen Âge, va se fixer sur la rive gauche de l'Aisne à l'intérieur d'un rempart de pierres de plus de 50 ha, protégé de tours et percé de portes. La ville s'étend surtout à l'ouest et au nord, et s'organise sur la rive droite à l'intérieur d'une enceinte. Au début de cette période on ne sait pas si la ville est encore protégée seulement par le mur du castrum, ou si préexistait une enceinte de terre et de bois reprise dans le tracé plus tardif de la fin du XIIIe siècle. De ce dernier subsiste une tour encore en élévation (tour Macé). Deux autres tours nous sont bien connues grâce à des photographies anciennes, (vestiges de la tour de l'Évangile), et par des sources iconographiques (plans, dessins) (tour Lardier). L'enceinte est percée de plusieurs portes correspondant aux grandes voies d'accès à la ville : au sud la porte Saint-Martin (route de Reims), à l'ouest la porte Saint-Christophe (route de Compiègne), au nord-ouest la porte Hozane (Saint-Quentin), à l'est le pont (rive droite, Laon, Coucy). Entre ces portes principales existaient des poternes. Le passage de la rivière donne à la ville une importance majeure dans le réseau régional des communications, les ponts les plus proches étant situés à Compiègne à l'ouest, et Vailly-sur- Aisne à l'est. Il semble qu'en 1181, d'après les chartes de Philippe Auguste, le roi voulait relier Saint-Waast et Saint-Médard sur demande du pouvoir comtal. La commune, s'intéressant peu à la rive droite de l'Aisne, qui n'avait pas d'intérêt économique, n'a réalisé qu'un îlot fortifié protégeant le pont de la ville. Le faubourg d'Aisne ou de Saint-Waast n'est qu'une tête de pont à peine protégée et de faible surface. Le pont était protégé sur la rive gauche avec une bascule entre deux tours de défense contenant la salle de réunion des gouverneurs et des échevins.


~ La ville

La population de la ville est difficilement quantifiable pour la période médiévale, peut-être de l'ordre de 5000 habitants ? Toute la population peut être théoriquement abritée dans la cathédrale. Les chantiers de construction qui s'ouvrent à la fin du XIIe siècle doivent profondément transformer la ville pendant plusieurs décennies. À l'intérieur de l'enceinte fortifiée la ville est partagée en trois zones d'influence :

 - L'évêché : le quartier épiscopal et canonial est bien délimité autour de la cathédrale. Au nord le quartier canonial et le collège Saint-Nicolas, au sud le quartier épiscopal, et à l'est l'Hôtel-Dieu. Il est doté d'une administration indépendante sous la tutelle de l'évêque et du chapitre. Au nord, la clôture canoniale définissait un quadrilatère fermé par des portes : rue Saint-Christophe, rue de la Buerie/rue de Jaulzy, et au chevet de la cathédrale. La maison de la Châtre, rue du Cloître, est un vestige de ce quartier canonial. Elle abritait une école. Le collège Saint-Nicolas est attesté en 1214 (une chapelle est achevée en 1221). L'angle sud-ouest de l'ancien castrum formait une limite du domaine de l'évêque, dont la plus ancienne mention remonte à 1125. Ce domaine est composé de la chapelle Saint-Louis, ainsi que du palais épiscopal construit au cours du XIIe siècle sur le vieux mur du castrum.

- L'hôtel-Dieu, mentionné vers 1210, fait suite à une « maison de l'Aumosne », modeste construction dont la localisation est inconnue. En 1332, les chanoines de Saint-Jean-des-Vignes instaurent le collège Sainte-Catherine au sud du palais épiscopal, contre la nouvelle enceinte fortifiée.

- Le domaine du Comte : Installé dans l'angle nord-est du castrum, le chef- lieu du pouvoir comtal est situé dans le château des comtes, ou « Château Gaillard ». Du XIIe au début du XIVe siècle, le comté est aux mains de la famille de Nesles, puis de Châtillon et de Coucy jusque 1410. On y trouve plusieurs paroisses : Saint-Léger, Saint-Victor, Saint- Christophe. Saint-Léger, rendue à l'évêque en 1139, devient une abbaye qui prospéra au cours du XIIe siècle. Le pont est construit en 1265 avec un moulin et un accès fortifié avec deux tours servant de salle de réunion aux gouverneurs et échevins (nord) et au Change ou beffroi (sud). Le pont-levis est attesté jusqu'en 1550.


~ Les temps modernes - fin du Moyen Âge (VIe au XVe siècles)

Le rôle de place-forte de la ville est renforcé, sous Henri II, afin de protéger Paris, siège de la royauté. Le franchissement de la rivière en fait un objectif stratégique. La ville, qui compte environ 8000 habitants, garde une grande importance religieuse, mais elle est ravagée par les exactions des Huguenots en 1567, durant les guerres de religion. Elle est occupée par l'armée du prince de Condé pendant six mois, abbayes et églises sont dépouillées et vandalisées. Les Guises obtiennent Soissons, à titre de place de sûreté, par le traité de 1585. La ville est gouvernée par le duc de Mayenne, chef de la Ligue, jusqu'à sa mission en 1595.

Le XVIIe siècle est l'apogée du domaine religieux urbain avec un monastère pour chaque congrégation. C'est une période de grands travaux pour la ville. L'activité économique du XVIe siècle avait été stimulée par l'agrandissement du périmètre fortifié et l'organisation du siège présidial.


Les fortifications
 C'est l'agrandissement du périmètre fortifié vers le sud et les importants travaux de fortifications tout autour de la ville qui marquent la topographie urbaine de cette période. Les travaux commencent sous Henri II, en 1551. L'enceinte va alors englober l'abbaye Saint-Jean-des-Vignes et va doubler la superficie de la ville. L'enceinte fortifiée ne résiste pas à la ruse des Huguenots qui occupent et pillent la ville en 1567. Elle arrête les Frondeurs et Espagnols vers 1650. Sous Louis XII, en 1617, elle subit un nouveau siège conduit par le comte d'Auvergne. Sous Louis XIV, les fortifications perdent leur utilité. Vauban, qui fortifie les frontières n'intervient pas à Soissons. L'entretien des murailles est stoppé et certaines sont transformées en promenade. Au XVIIIe siècle le plan de Lejeune de 1768 montre tout le périmètre fortifié planté de rangées d'arbres.

Soissons était la grande place de guerre. Ses remparts construits à la façon gauloise more gallico avec de grands et forts madriers et pieux entrelacés maçonnés de boue et de pierres étaient fort solides et élevés Muri altitudo a dit César en parlant de cet oppide où pendant la nuit qui suivit la défaite des Belges confédérés sur la rive droite de l Aisne et à Mauchamps la foule des fuyards s' était jetée Omnis ex fugâ Suessionum multitudo in oppidum proxima nocte convenit. La position de la ville sur une petite colline ne manquait pas de solidité.
 César prit ses précautions renversa les vieilles murailles gauloises et leur substitua les fortifications puissantes qui durent survivre jusque sous les rois carlovingiens. Les Romains, en effet, ne durent pas attendre les invasions ou coups de main des Germains pour mettre Soissons en bon état de défense. Soissons fut de suite à la fois une de leurs capitales, un grand centre administratif et un point militaire important. La Notice des dignités de l' Empire nous montre sous Dioclétien cette ville possédant depuis longtemps déjà un des quatre grands arsenaux du nord et de la Gaule belge.

L' enceinte Gallo-romaine carrée et fortifiée (de M de La Prairie) n'aurait donc occupé que l'emplacement assez exigu de l'ancien oppide gaulois dont les formes furent seulement redressées et équarries. Les grands côtés de ce rectangle avaient 400 mètres de longueur et les petits environ 300. Ils enfermaient l'espace assez restreint où sont figurés l'évêché, la cathédrale, le collège, le palais de justice, la Congrégation, les églises de Saint-Pierre et de l'abbaye Notre-Dame et l'Hôtel-Dieu, c'est à dire à peine le tiers de la ville moderne. Quatre tours d'angles flanquaient la muraille, la plus grosse, commandant la rivière à l'angle Nord est appuyé sur un ancien bras de l'Aisne. Évidemment celle-ci qui était passée sur un pont de pierre, dut être pourvue d'une tête de pont dont l'ancienne tour des Comtes pouvait être un débris. D'autres tours rondes appuyèrent aussi la courtine bien qu'elles n'apparaissent pas sur le plan dressé par M de Villefroy. Un large et profond fossé séparait la ville proprement dite de sa banlieue, très peuplée de châteaux, de temples, de monuments. L'enceinte fortifiée a gardé un visage très vivant et très apparent, sur un modèle d'un curieux spécimen de construction en petit appareil, qui a été le plus fréquemment employé par les Romains. A Soissons ils l'ont assis sur un soubassement de grand appareil. La muraille, dont fait partie ce spécimen, existe sur une certaine longueur dans une maison de la rue des Minimes et soutient des bâtiments dépendant de l'évêché, c'est-à-dire placés à la rencontre des deux parties de courtine Ouest et Sud de l'enceinte. Au-dessus de la base construite en grand appareil et composée de cinq assises; une première zone de neuf assises de petites pierres presque cubiques porte une seconde zone composée de trois rangs de briques, Neuf assises encore portent un second bandeau de briques, une troisième zone de cubes de pierre et enfin des assises irrégulières de grand appareil. Les zones de briques pénétrant assez profondément vers l'intérieur de la maçonnerie pour lier l'ensemble et conserver l'aplomb du petit appareil avec une couche épaisse de mortier où le tout est noyé. Il faut remarquer encore que, par un excès de précaution, la plus basse ligne de petites pierres carrées est entamée par places par le grand appareil.









Des documents sur la ville

Le territoire du peuple Belge des suessions et la cité
https://www.revue-archeologique-picardie.fr/bibliotheque/Defente%201984.pdf


L'enceinte et son tracé

Le patrimoine



La ville



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Les places fortes entourant l'Ile-de-France

Châteaux, château-fort, donjons
http://unchemindeliledefrance.blogspot.fr

Le monde des châteaux
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Le tourisme Aisne













Démantèlement des fortifications







Soissons et ses environs








































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